11068. AU GÉNÉRAL DE L'INFANTERIE BARON DE LA MOTTE-FOUQUÉ.
Reich-Hennersdorf, 9 juin 1759.
Vous aurez appris que les 14 bataillons de de Ville308-3 sont marchés de Senftenberg à Jaromirz; vous saurez de même que 5 bataillons de<309> pandours sont partis du corps de Beck pour la grande armée. Tout ceci, mon ami, nous éclaire dans le projet que peut avoir formé l'homme à toque papale; je vois que ses forces vont toutes du côté de Trautenau, et que, par conséquent, il voudra m'attaquer ici dans mon fort.
Voilà le raisonnement que je fais, au cas que cela se confirme. C'est primo que vous fassiez tous vos arrangements pour vous joindre aussi vite que possible avec Bülow au premier signal. Secundo que, si toute la force de l'ennemi se porte ici, de marcher avec tout votre corps de Friedland à Gnissau et d'épauler ma gauche; quitte, après avoir bien battu l'ennemi, de chasser de Silésie le reste des gueux qui nous incommode. Le premier signal sera : marchez à Tannhausen; le second : détachez d'abord les 9 bataillons qui y sont,309-1 pour Gnissau et suivez-les, dès que vous pourrez.
Mais s'il arrivait qu'une colonne de l'ennemi voulût pénétrer par Friedland, je m'en tiens toujours aux idées que je vous ai déjà expliquées dans ma précédente.309-2
Je vous envoie par précaution les marche-routes sur deux colonnes, pour que vous puissiez vous en servir au besoin.
Supposé que Daun vienne ici avec toute sa force, et que vous me veniez joindre : en ce cas, vous pouvez prendre votre camp sur la hauteur de l'Anne derrière Gnissau, l'abbaye devant vous, face vers Schœmberg, le village de Neuen au pied de votre gauche, et Zieder aux pieds de votre droite.
Voilà, mon ami, à quoi il faut vous préparer; si vous pouvez encore faire filer quelque troupe imperceptiblement du côté de Reichenbach, pour que les autres mouvements vous deviennent plus faciles, ce n'en sera que mieux.
Je vous écrirai par courrier et vous manderai tous les mouvements de l'ennemi qui parviendront à ma connaissance, et à mesure que l'ennemi en fera qui m'éclairciront davantage de ses desseins, je vous en ferai faire en conséquence.
Adieu, mon cher ami, je vous embrasse bien tendrement.
Federic.
Nach der Ausfertigung im Kaiserl. Königl. Kriegsarchiv zu Wien. Eigenhändig.
308-3 Vergl. S. 296. 305.
309-1 Unter Generalmajor von Biilow.
309-2 Vergl. Nr. 11055.