11090. AU GÉNÉRAL DE L'INFANTERIE BARON DE LA MOTTE-FOUQUÉ.
[Reich-Hennersdorf,] 15 [juin 1759].
Je serai bien embarrassé, mon cher ami, de vous dire ce qu'il arrivera. Tant que l'ennemi reste dans l'inaction, il est impossible de le deviner.
Je vois bien que le but qu'il se promet de ses opérations, c'est de prendre Glatz. Je devine les moyens dont il pourrait se servir pour y parvenir, mais il y en a de très différents, et il serait très facile de m'y tromper. Dans cette incertitude, il ne faut rien détacher, et il faut attendre jusqu'à ce qu'il plaise à Sa Grosse Excellence de déclarer son projet. J'attends en patience quel sera le projet dont cette bénite créature accouchera. Nous sommes alertes, et nous avons dans notre camp l'oreille dressée comme un lévrier qui attend que la bête parte de son gîte. J'ai beaucoup de mauvaises nouvelles, un ramas de dits des cabarets de l'armée ennemie avec lesquels je ne vous importune pas. Dès que je saurai des vérités, je vous les manderai.
Fermor avance comme un régent de collège suivi de ses bedeaux. Peut-être attend-on sur lui, mais que ce soit ce qu'il plaira au Ciel,<323> force est à nous de trouver moyens de nous tirer d'embarras. Je sais que vous pensez comme moi, et que je ne vous dis rien de nouveau.
Adieu, mon cher ami, je vous embrasse.
Federic.
Nach der Ausfertigung im Kaiserl. Königl. Kriegsarchiv zu Wien. Eigenhändig.