11395. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A LONDRES.
Waldow, 1er septembre 1759.
Quoique nous tâchions de déguiser notre situation devant le public elle n'en est pas moins mauvaise dans le fond. Le général Wedell a été battu par les Russes. Après avoir rassemblé cette armée, et après avoir fait le dernier effort de mon côté, je n'ai pas été plus heureux. Représentez-vous les environs de Krossen et de Frankfurt ravagés par les Russes, la Priegnitz par les Suédois, Halle et le Magdeburg par les troupes de l'Empire, la Saxe à moitié perdue et dans une situation, où<512> les risques que nous avons à courir, égalent les maux soufferts. Vous jugerez dans cette situation combien la paix nous est désirable, mais nous ne pouvons l'avoir bonne que par l'Angleterre. Je mets toute ma confiance dans le sieur Pitt, et je me flatte que, [vu] les grands avantages que les Anglais ont cette année-ci, il pourra peut-être y avoir des propositions qui pourront mener à la paix. Il n'y a rien de plus incertain que notre sort pendant cette campagne. Supposé même que nous nous soutenions, la gageure sera insoutenable l'année qui vient. Travaillez en bon citoyen pour voir s'il n'y aura pas moyen de lier quelque négociation entre les Anglais et les Français. Comme je me flatte que les Anglais auront, en peu, de bonnes nouvelles de l'Amérique, ce serait là le moment favorable où les Anglais pourraient donner la loi. Le nombre des ennemis est accablant; mes troupes qui se battent et fondent tous les jours, s'empirent à vue d'ceil Si la prépondérance des Anglais et les grands avantages qu'ils ont sur nos ennemis, étaient dirigés à notre soutien par les vues honnêtes et désintéressées du sieur Pitt, ce serait, je crois, un moyen infaillible de nous sauver d'une chute certaine.
Ne prenez point ceci pour des phrases, mais pour un portrait vrai de la malheureuse situation où mon pays et moi nous nous trouvons. Comme je n'ai point de chiffre ici, je n'ai point pu signer la lettre, mais j'ai ordonné au comte de Finckenstein de vous l'envoyer telle que vous la recevrez.512-1
[Federic.]
Nach dem Concept.
512-1 Knyphausen erhielt den Cabinetserlass in Form eines chiftrirten Ministerialrescripts, d. d. Magdeburg 1. September.