11463. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Kottbus, 17 septembre [1759].
Dans ce moment, je reçois votre lettre du 13. J'espère que Fouqué pourvoira à Neisse. Il n'en est pas de même de Finck, qui doit se<547> trouver du côté de Nossen. Si l'armée du prince de Deux-Ponts n'a point été jointe par les Autrichiens, il en aura beau jeu; mais pour soutenir les affaires de la Saxe, il faut absolument qu'il y ait un corps d'armée ici ou du côté d'Elsterwerda ou de Mühlberg.
Les Russes sont à Guben; on prétend qu'ils n'ont d'autre dessein que de manger et de boire jusqu'au mois d'octobre, pour se retirer alors chez eux; pour moi, je ne m'y fie pas, tant qu'ils n'iront pas en Silésie. Je me contenterai de rester ici entre Kottbus et Forst, pour être à tout hasard en état de soutenir Torgau, à moins que vous n'y portiez remède. Les Russes, en cas qu'ils veuillent agir, ne peuvent qu'entreprendre le siège de Glogau. Je n'ai que 24 000 hommes; eux et Laudon, je les compte à 40000 avec les troupes irrégulières. Dès que ces gens-là seront hors de jeu, il faudra profiter de l'arrière-saison pour redresser nos affaires, et entre-ci et ce temps-là il y a d'autres moyens pour courir toujours au mal le plus pressé. Mais il est certain que, si Finck n'est pas secouru bientôt, on le rejettera au delà de l'Elbe, nous reperdrons encore Leipzig et Torgau, et Berlin, qui est ouvert, sera encore exposé. Voilà les raisons qui m'obligent de ne me pas trop éloigner d'ici.
Selon mes nouvelles, on vous dit à Lcebau. Je ne saurais rien vous prescrire, mais c'est à vous à voir, selon les nouvelles [que] vous trouverez, quel parti vous convient le mieux dans cette terrible crise.
Le prince Ferdinand a pris Marburg.547-1 Je ne vous parle point des Suédois, c'est un autre embarras, auquel j'ai pourvu comme j'ai pu.547-2
J'ai appris sûrement que Lacy a été dans votre camp en habit gris comme médecin. Il faut que les postes et les avant-postes soient bien inattentifs! Peut-être pourrait-on le prendre.
Je vous prie de faire donner cinquante écus au porteur, qui en a reçu vingt ici.
[Federic.]
Nach der Ausfertigung.
547-1 Marburg hatte am 11. September capitulirt.
547-2 Vergl. Nr. 11459. 11460.