11575. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Spremberg, 10 novembre 1759.
Je serai demain, le 11, à Elsterwerda. Je suis obligé de donner du repos aux troupes et aux chevaux le 12, parceque tout est fatigué par les grandes marches que nous avons faites. Je passerai, le 12, le pont à Merschwitz,625-2 et je compte d'apprendre où vous serez, pour pouvoir vous joindre le 14. Vous enverrez vos chasseurs à Elsterwerda ou à Merschwitz, parceque tout est en sûreté de ce côté-là.
Après avoir tout bien examiné, mon cher frère, je trouve que je profite 6 bons milles en marchant sur Elsterwerda et Merschwitz, ce qui n'est pas une bagatelle pour un goutteux et pour des troupes harassées par de très fortes marches. J'ai écrit à Torgau, pour que mes grenadiers, mon bagage et tout ce qui tient à ma maison,625-3 me joignent à Elsterwerda. Si Daun ne court pas bien vite, de quoi je doute, je vous joindrai sûrement le 14 quelque part entre Meissen et Wilsdruff, où je suppose que vous serez alors. Mon petit corps ne sera à charge à personne; nous avons du pain jusqu'au 21, et nous nous en pourvoirons encore jusques au 30 de ce mois. Je pars incessamment pour un village qui est entre Senftenberg et Ruhland; demain je serai de bonne heure à Elsterwerda.
<626>Ne trouvez-vous pas que j'arrive chez vous comme Pompée? Lucullus avait presque réduit Mithridate, lorsque l'autre arriva et lui ravit l'honneur de cette expédition. Mais je suis plus juste que cet orgueilleux Romain et, bien loin de rogner de votre réputation, je voudrais pouvoir accroître votre gloire et y contribuer moi-même. Adieu, cher frère, je vous embrasse.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Der Zusatz (von „ Après avoir“ an) eigenhändig.
625-2 Südwestl. von Grossenhain, a. d. Elbe. Es ist eine vom Prinzen Heinrich hergestellte Schiffbrücke.
625-3 U. a. auch die Cabinetskanzlei, wie Eichel, Torgau 10. November, an Graf Finckenstein schreibt.