11606. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.
Limbach, 18 novembre 1759.649-1
Réponse!
Je vous suis obligé de la part que vous prenez au retour de la fortune qui nous fait bien finir une campagne dont le milieu paraissait désespéré. Je crois pouvoir à présent avancer avec certitude qu'en huit ou dix jours il n'y aura plus d'ennemis en Saxe. Vous aurez vu par la lettre que je vous écrivis hier,649-2 tous mes arrangements, et comme vous connaissez ce pays,649-3 vous serez en état de juger si mes mesures sont bonnes ou non.
Quoique j'aie eu la goutte très fort et que je sois encore écloppé, je me traîne à la suite de l'armée comme un impedimentum. Je fais ce que je puis; ne pouvant être utile par mes membres, je tâche de l'être par la tête.
Chiffre!
Vos arrangements sont très bons,649-4 je suis, cependant, impatient d'apprendre que les Français quittent Giessen. Je m'étonne qu'ils tiennent si longtemps la campagne, je voudrais les savoir au delà du Rhin. Je crois que vous reprendrez Münster, mais je ne peux vous dissimuler que, si vous arrangez vos magasins comme cette année, je crois qu'il vous sera impossible de les soutenir, parcequ'ils sont trop éloignés les uns des autres. J'en comprends bien les raisons, cependant je vous prie d'y penser.
Ce projet d'une descente que les Français méditent en Angleterre,649-5 est bien déplacé dans cette saison, passé l'été ou le printemps; s'ils l'entreprennent dans cette saison de tempêtes, ils risquent de perdre tout leur monde. Mais voilà le Canada pris; reste à savoir si les Anglais n'en pourront pas retirer des troupes superflues, ou s'ils ne pourraient pas augmenter le pied des troupes anglaises et hanovriennes que vous avez à l'armée. Je souhaite, en attendant, bien sincèrement que le projet du ministère britannique réussisse pour le bien de l'humanité,649-6 et que chacun puisse retourner sous son toit, pour y vivre en paix.
Curialia!
[Federic.]
Nach dem Concept. Eigenhändig.
<650>649-1 Das Datum nach der Ausfertigung [Generalstabsarchiv].
649-2 Nr. 11600.
649-3 Vergl. S. 644.
649-4 Vergl. den Bericht des Prinzen, d. d. Kroffdorf 12. November, bei Westphalen, a. a. O. S. 859. 860.
649-5 Vergl. S. 305. 331. 597. 645. 647.
649-6 Der Prinz hatte geschrieben: „Le ministère britannique m'a informé du pas qu'il va faire pour la paix; il songe, néanmoins, aussi aux moyens de continuer la guerre, si la paix ne peut pas être faite. On augmente les troupes légères de l'armée, et on prendra peut-être 2000 hommes des troupes du Duc mon frère à la solde de l'Angleterre par un nouveau traité de subsides, qui se négocie à présent. J'ai représenté la nécessité d'envoyer encore 8 bataillons et 13 escadrons de troupes britanniques en Allemagne, pour mettre un peu plus de proportion entre cette armée et celle de France.“