<119> envoyé depuis peu à Paris, il paraissait qu'il y en avait dans ce pays plus qu'il ne fallait pour l'entretien de cette armée française pendant toute la campagne. Que les motifs d'assembler là une armée de si bonne heure et dans ces quartiers-là, étaient que les dépenses ruineuses de l'entretien des armées françaises dans le pays de Westphalie et en Hesse et le manque des chevaux de chariots et des fourrages rendaient presque impossible la continuation de la guerre de ce côté-là avec quelque espérance de succès, sans l'assistance de la république de Hollande. C'est ce qui avait déterminé la cour de France à prendre la résolution d'obliger la République à se déclarer pour ou contre la France. Si elle se déciderait en sa faveur, les Français tireraient alors leurs subsistances de Gueldre, d'Over-Yssel et de Frise, et il faudrait qu'on leur fournisse de là des chariots, des chevaux, des provisions etc., qu'ils ne paieraient que la guerre finie, de sorte que la France pousserait la guerre aux dépens de la République et leur armée aurait leurs magasins derrière elle en avançant. Si la République insisterait sur l'observation de la neutralité, la France interpréterait cela comme une déclaration contre elle, et le prince de Soubise s'emparerait de Maastricht, ce qui serait fort aisé, cette place n'ayant ni troupes ni provisions ni munitions ni rien de ce qui était nécessaire pour la défense d'une si grande forteresse, et la République n'aurait point le temps d'y suppléer, quand la scène serait une fois entamée. La citadelle étant prise, l'armée pourrait presque subsister des provisions et des contributions qu'elle tirerait des provinces voisines; en agissant secrètement, la République n'aurait point le temps d'augmenter ses forces, et dans la surprise elle se trouverait forcée de se déclarer d'un côté ou de l'autre, puisque la France ne souffrirait plus de neutralité.
Voilà un avis qui me paraît fort intéressant s'il n'y aura pas moyen [de douter] de son authenticité; je ne doute nullement que le prince Louis de Wolfenbüttel n'en soit pas informé. Pour moi, j'ai de la peine à me persuader encore que la France voudrait entreprendre un si noir attentat; cependant, après que la cour de Vienne a trouvé moyens d'inspirer ses maximes à ses cours alliées, il ne faut aussi garantir de rien.
Federic.
Nach dem Concept.
11857. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Freiberg, 23 février 1760.
Vous verrez, mon très cher Frère, par l'extrait ci-joint ce que le lieutenant-général de Goltz vient de me marquer des mouvements que les troupes ennemies aux frontières de la Haute-Silésie ont faits depuis peu, et des desseins qu'on lui1 attribue. J'ai bien voulu vous le com-
1 D. h. à l'ennemi.