<537> et, ayant séparé par deux marches Daun et Lacy, tous les courriers qu'il a envoyés à celui-ci, ont été interceptés par nous. La copie chiffrée ci-jointe est celle que Daun a écrite de sa main d'un bout à l'autre à Lacy, et qu'un de ses aides de camp devait lui porter, mais qu'un heureux hasard fit tomber hier entre mes mains avec la lettre originale. Je l'ai cru si intéressante que je n'ai pas voulu manquer de vous en envoyer la copie in extenso. Il y avait une autre lettre originale incluse que l'Empereur avait écrite à Lacy,1 quoique peu intéressante; j'ai cependant voulu vous la communiquer par la seconde copie chiffrée à la suite de celle-ci.
Je continuerai ma marche après-demain d'ici à Leisersdorf près de Goldberg; le 10, je compte marcher du côté de Jauer et d'être le jour d'après du côté de Striegau. Je vous avertis de tout ceci d'avance, afin que vous sachiez où je suis. Si Daun n'est pas rassemblé entre ci et ce temps-là, je lui gagnerai par ma diligence des postes d'où je compte lui rendre le projet du siège de Schweidnitz inutile.
Je n'ai pas pu apprendre jusqu'à présent où vous êtes, mais je ne crois pas entièrement me tromper que c'est de l'autre côté de l'Oder. Cette fois-ci le bonheur a voulu que nous nous soyons bien rencontrés ensemble.
Nous sommes venus en six jours de Meissen ici, ce qui, selon mon calcul, fait 19 grosses milles d'Allemagne.2 Daun, Lacy, Ried et moi, nous avons marché pêle-mêle, sans cependant qu'un coup de fusil soit presque tiré. Daun est à notre camp de Schmottseifen,3 Beck à Lœwenberg;4 pour Laudon, je n'en ai pas de nouvelles positives, mais je le soupçonne aujourd'hui aux environs de Striegau; Lacy sera aujourd'hui à Lauban. Voilà, mon cher frère, tout ce que mes notions et la lassitude d'une extrême fatigue me permettent de vous dire. Je souhaite de tout mon cœur d'apprendre de bonnes nouvelles de votre part. Adieu, je vous embrasse.
Federic.
Gersdorf,5 5 août [1760].
Je marche aujourd'hui à Gœrlitz, pour y passer la Neisse, et me campe sur le chemin de Lauban, pour me rendre de là à Lœwenberg; mais, si je ne suis pas pressé, je [le] ferai demain. Il n'y a plus d'autre parti à prendre que celui de Lœwenberg, l'ennemi étant déjà à Liegnitz et Parchwitz, selon les rapports de Laudon; et lui s'est retiré d'avec tout son corps à Canth, et de là il compte se rendre au Zobtenberg, ce qui est trop éloigné de moi, car, pour le présent, il faut être à portée, pour recevoir l'ennemi en compagnie ou lui tomber de la sorte au premier moment possible sur le corps. S'il passe l'Oder, il faudra en faire autant, pour le prendre
1 D. d. Schönbrunn 30. Juli 1760. Kaiser Franz theilte darin dem General seine Ansicht über die Pläne König Friedrichs mit.
2 Es waren tatsächlich über 20 Meilen.
3 Vergl. Bd. XVIII, 763.
4 In der Vorlage: „Lemberg“ .
5 Südsüdwestl, von Görlitz.