11799. AU FELD - MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.
Freiberg, 5 février 1760.
Les obligations que je vous ai de toutes les marques d'amitié et d'attention, me touchent si sensiblement que les expressions me manquent pour vous témoigner tout ce que j'en ressens. J'ai appris avec douleur par votre lettre du 31 dernier la mort du digne landgrave de Hesse-Cassel,62-1 qui nous arrive fort mal à propos. „Vous avez raison de vous défier de son successeur; vous connaissez son caractère, et je suis persuadé, d'ailleurs, que la cour de Vienne et même la France remueront tout, pour nous débaucher ce prince volage et inconstant.62-2
Les nouvelles que vous m'avez communiquées à la suite de votre susdite lettre,62-3 méritent bien de l'attention, quoique je ne crois pas la saison propre encore pour mettre en exécution de si pernicieux projets. Vous voyez par là vous-même ma situation très critique et désespérée ici; malgré cela notre neveu s'en retournera avec son corps de troupes au premier jour, et je ne vous le retiendrai plus, bien que je m'aperçoive que, quand j'en serai dépouillé, leur absence animera mes ennemis à exécuter leurs projets ou à me serrer au moins au possible. Je préfère votre satisfaction à tous autres égards, après que vous m'avez assisté si généreusement; je me flatte pourtant et me tiens assuré que, si, conformément au plan concerté de la cour de Vienne, le duc de Broglie voulait se mettre en mouvement pour marcher en Saxe, vous le devanceriez et vous opposeriez à son passage.
Je vous ai mille obligations de la communication que vous venez de me faire; vous conviendrez cependant qu'il n'y a pas à badiner pour moi et que, si tous ces beaux projets s'exécutaient à la lettre, que les rieurs ne seraient pas pour nous.
Les Autrichiens ont une espèce d'épidémie dans leurs quartiers, il en meurt beaucoup ; mais cela ne suffit pas, il faut que l'ange qui défit les philistins, s'en mêle.
Federic.
Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin. Der Zusatz eigenhändig.
<63>62-1 Landgraf Wilhelm VIII. war am 31. Januar zu Rinteln gestorben.
62-2 Vergl. s. 53.
62-3 Die von Prinz Ferdinand eingesandten aufgefangenen Briefe vergl. in Nr. 11800.