11816. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A BERLIN.

Freiberg, 8 février 1760.

Quand vous me proposez d'envoyer dès à présent un ministre au nouveau landgrave de Cassel, sous prétexte de le complimenter sur son avènement à la régence, mais en effet pour veiller aux intérêts communs et pour avoir quelqu'un autour de lui par lequel on puisse être informé des propositions que mes ennemis sauraient lui faire, pour en prendre à temps des précautions, vous avez apparemment ignoré que ce voyage qu'il fait à présent en Hesse,78-2 n'est que pour quelques jours, ou au moins pour un temps bien court, et qu'il sera incessamment de retour à Magdeburg, au moins à ce qu'il m'a fait dire par cet officier qu'il m'a envoyé avec sa lettre de notification, de sorte qu'il serait assez inconvénient de lui envoyer un ministre pendant son peu d'absence. D'ailleurs, si le digne général Donop78-3 ne sera plus à même de contenir ce Prince dans les intérêts de la cause commune et dans la bonne voie, que saurait-on se promettre des succès d'un jeune homme sans expérience, tel que Goltze,78-4 pour cette mission!

Je ne veux aussi pas vous laisser ignorer, quoiqu'en confidence encore, que par les insinuations verbales que ce Prince m'a fait faire par l'officier susdit, il ambitionne le grade de mon feld-maréchal avec le gouvernement de Berlin, que je lui accorderai aussi, dès qu'il s'en déclarera à moi; ce qui nous le retiendra au moins pour quelque temps encore. Je crois aussi que la négociation pour ses troupes et pour les autres engagements succéderont, et qu'il nous laissera les premières, au moins cette année-ci encore.

Der König bezieht sich auf die Berichte Reimers vom 2. Februar und macht dem Minister Mittheilung von den an General Fouqué ergangenen Befehlen,78-5 „ma volonté étant que vous preniez des arrangements avec le maître des postes à Berlin que toutes les lettres qui y passeront du sieur Reimer à Danzig, de même que celles du maître des postes à Stolpe, sous l'enveloppe duquel celles de Reimer se trouvent, et qui seront adressées à moi, vous soient apportées incessamment, que vous ouvrirez alors et en ferez tirer deux copies, dont vous enverrez l'une d'abord<79> par estafette expresse au susdit général de Fouqué en Silésie, pour qu'il en ait incessamment connaissance, et l'autre à moi; ce que vous observerez avec bien de l'attention.“

Soli et secret. Il ne faut pas douter que les opérations de la campagne ne commenceront dès le mois de mars qui vient, et que le théâtre principal de la guerre ne sera en Saxe où les Autrichiens feront leurs plus grands efforts, ne fût-ce que pour entraîner les Russes et pour ne pas laisser le temps aux Français d'achever leur accommodement avec l'Angleterre. J'aurai peut-être alors de la peine à contenir assez l'ennemi, pour qu'il ne nous donne des inquiétudes sur la ville de Berlin. Je crois que vous ferez donc bien, en attendant, de prendre doucement et en conséquence de ce que ma lettre autérieure79-1 vous en a marqué, vos arrangements, afin de faire défiler peu à peu dès à présent ce qu'il faut qu'il soit emporté à Magdeburg, pour y être en sûreté, afin d'en ménager sagement l'éclat et l'ombrage que cela ferait, quand la retraite se ferait tout d'un coup et avec bruit.

Au reste, je ne puis me défendre de vous dire tout naturellement que je ne présume nullement bien des évènements de la campagne de cette année-ci. Si cela tourne mieux que je ne conjecture à présent, personne ne sera plus aise que moi,

Federic.

Nach der Ausfertigung.



78-2 Vergl. S. 73.

78-3 Vergl. Bd. XVII, 265, XVIII, 609. 617.

78-4 Finckenstein hatte für die Sendung den Legationsrath Freiherrn von der Goltz vorgeschlagen.

78-5 Vergl. S. 75.

79-1 Vergl. Nr. 11809.