11910. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
[Freiberg,] 12 [mars 1760].
Mon cher Frère. Je vous rends mille grâces de la lettre que vous m'envoyez.171-2 Voici ci-joint la réponse.171-3 Tout est déjà arrangé de sorte que la personne171-4 pourra partir incessamment. Je souhaite que ce projet soit conduit à une fin heureuse, mais je ne saurais vous nier que j'en doute, à cause que la personne me paraît trop préoccupée du pouvoir du Grand-Duc, ce qui est très faux. Il n'y a en Russie qu'un seul homme qui y ait du pouvoir, c'est Pierre Schuwalow; tout plie devant<172> lui: l'avoir, c'est avoir toute la Russie dans sa manche, le reste n'est rien. C'est un homme excessivement riche qui dispose des revenus de ce vaste Empire comme il lui plaît, ce qui me fait craindre qu'il sera moins susceptible qu'un autre aux corruptions. Mais le hasard sert quelquefois mieux que la prudence, et surtout, pour que je n'aie aucun reproche à me faire, ma situation m'oblige à tout tenter.
Les dispositions de la France sont bonnes,172-1 et je crois que dans peu la négociation prendra consistance.
Je suis avec une parfaite estime, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
171-2 Prinz Heinrich hatte, Wittenberg 12. März, ein Schreiben des Baron Bielfeld, d. d. Hamburg 7. März, eingesandt.
171-3 Nr. 11911.
171-4 Pechlin. Vergl. Nr. 11884.
172-1 Vergl. Nr. 11907.