11918. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.
Der Prinz berichtet, Paderborn 10. März: „Voici en gros mes arrangements pour la campagne prochaine .... Je me flatte . . d'avoir à la fin du mai une armée de 70000 hommes en état d'agir. Je ne crois pas que les Français pourront ouvrir la campagne avant ce temps là; leurs quartiers sont faibles, de façon qu'ils ont entre Cologne et Clèves 57 bataillons et 44 escadrons, y compris 11 bataillons de milice, qui font les garnisons de Cologne, de Düsseldorf et de Wesel. L'armée de Broglie, forte de 92 bataillons, y compris les Saxons et les Wurtembergeois, et de 88 escadrons, se trouve sur les deux rives du Main et en avant vers la Lahn et vers le pays de Fulde. Cette disposition de quartiers me fait conjecturer que l'intention des Français est d'agir avec la grande armée contre la Hesse, et d'agir avec la petite armée en Westphalie......Je laisserai 22 bataillons, 22 escadrons et 44 gros canons avec 4000 hommes de troupes légères en Westphalie. Il me restera, pour m'opposer à la grande armée française, 55 bataillons, 65 escadrons, 100 pièces de canons du parc avec 5000 hommes de troupes légères .... Nos troupes en Westphalie se borneront à soutenir les villes de Münster et de Lippstadt, se tenant sur la défensive, et je forme pour ce but des magasins, quoique médiocres, à l'un et à l'autre de ces deux endroits. Mes grands magasins s'établissent sur le Weser et à Cassel. Je me prépare pour agir le long de la Werre ou le long de la Fulde ou sur la Lahn, selon que l'ennemi m'y obligera.“ Der Feind könne entweder Uber Friedberg und Giessen auf Marburg oder von Hanau auf Fulda und Hersfeld oder von Würzburg über Schweinfurt und Königshofen auf Meiningen und Vacha vordringen. „Ni les arrangements de l'ennemi, ni mes avis de ses desseins ne me fournissent encore aucun indice sur le parti qu'il voudra prendre préférablement, et je me vois réduit par là à m'arranger également pour tous les trois. ... Si je voulais obliger l'ennemi à<176> régler ses opérations sur les miennes, je crois que je devrais me porter sur Giessen et en faire le siège, avant que l'ennemi eût le temps de se rassembler; mais j'y trouve des difficultés presque insurmontables, tant parceque l'armée ne sera prête que vers la fin du mois de mai que parceque je devrais former un magasin à Marburg, ce qui me paraît impossible, faute de charrois. Si je puis, au contraire, agir le long de la Fulde, je pourrai lever cette difficulté pour une grande partie, vu que je fais actuellement construire à Cassel une cinquantaine de petits bateaux, pour m'en servir pour le transport des fourrages, soit que l'armée agisse le long de la Fulde, soit aussi qu'elle fût obligée de suivre le cours de la Werre.“
Freiberg, 16 mars 1760.
Je remercie de tout mon cœur Votre Altesse de l'amiable et confidente communication que vous avez daigné me faire, en conséquence de Votre lettre du 10 de ce mois, du plan de votre campagne à faire. J'ai tout lu avec beaucoup d'attention, je ne saurais qu'applaudir à tout, et j'ai trouvé tout si sagement et si bien pensé qu'on ne saurait mieux. Si, cependant, tous les avis que j'ai reçus jusqu'à présent de France de fort bonne main, accusent juste, les Français ne prennent pas de grands arrangements pour faire des efforts du côté du Bas-Rhin et de Cologne; il leur sera même très difficile, pour ne pas dire impossible, pour mettre cette année-ci deux armées de quelque considération à la fois en campagne en Allemagne.176-1 II faut que j'avoue naturellement moi-même à Votre Altesse que je ne crois pas que vous pourrez entreprendre avec espérance de succès le siège de Giessen.
Quant à nos circonstances ici, j'ai eu des avis de Pétersbourg que les généraux de l'armée russienne ont eu congé de la cour jusqu'au 1er du juin, pour vaquer à leurs affaires particulières.176-2 Ici le temps est si mauvais qu'il sera impossible à l'ennemi, bon gré mal gré qu'il en ait, d'entreprendre quelque chose avant le mois d'avril qui vient; mais il faut que je dise tout naturellement et conformément à la vérité qu'au cas que nous n'ayons quelque secours de Votre Altesse, pour nous couvrir le flanc gauche du côté de Leipzig, nous aurons une forte et furieuse bredouille dans nos affaires; c'est pourquoi je vous conjure d'avoir fort l'œil très attentif de ce côté-là et sur ce point important.
Nonobstant toutes les peines que je me donne pour avoir prêts tous les arrangements qu'il me faut, je me vois empêché et retardé presque en tout, de sorte que je n'ai pu achever encore en ce qu'il me faut. Autant que j'apprends, l'armée russienne voudra agir en deux corps, l'un pour assiéger Colberg, et l'autre pour s'emparer de Glogau. Un corps d'armée autrichienne de 23 jusqu'à 30000 hommes doit agir dans la Haute-Silésie; ici dans la Lusace il y a un autre corps ennemi prêt, de quelques 20000 hommes; à Dresde et aux environs se trouve<177> le gros de l'armée ennemie de 50000 hommes, outre un corps séparé de 20000, qui forme le cordon de Cadan,177-1 Kommotau et au delà jusques vers Egra, et qui apparemment est destiné pour se joindre aux troupes des Cercles. Pour moi, tout ce que je saurais mettre de forces en campagne, ira à 120000 hommes.
Je vous laisse à penser s'il y aura moyen de faire tête avec cela partout à tous ces différents détachements de l'ennemi, ce qui sera purement impossible, de sorte que je vous prie de faire aussi quelque réflexion sur ces points-ci.
Federic.
Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.
176-1 Mitchell berichtet, Freiberg 19. März, (separate and most secret) an Lord Holdernesse, der König habe ihm gesagt, „that the French had not yet found the funds for the next campaign, and that their pecuniary affairs still continued to be in a very great disorder.“ [London. Public Record Office.]
176-2 Vergl. S. 170.
177-1 Kaaden, ostnordöstl. von Eger.