11927. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.
Freiberg, 20 mars184-1 1760.
La lettre du 15 de ce mois de Votre Altesse m'est heureusement parvenue. Tout ce qu'Elle y dit relativement à Ses dispositions pour la campagne prochaine,184-2 est exactement bien pensé et doit mériter tout mon applaudissement. Plût à Dieu que ce ne fût que de ce côté-là que nous eussions à diriger notre attention principale, et nous n'aurions pas lieu de douter de nos succès; mais que Votre Altesse songe, pour un moment seulement, si les affaires de l'Angleterre et de ses alliés iront mieux, quand je serai accablé et péris de ce côté-ci. Je vous conjure de songer qu'il n'y a pas à badiner sur ma situation ici, vu que le mauvais état où les affaires en sont de ce côté ci, mérite que vous réfléchissiez qu'au cas que vous ne puissiez me couvrir mon flanc gauche et qu'accablé de tous côtés d'un nombre partout supérieur d'ennemis, je serais anéanti, si alors les Autrichiens et les troupes des Cercles n'entreront pas du côté du Halberstadt dans les pays de Brunswick et de Hanovre et ce que vous sauriez couvrir alors.
Voilà pourquoi je ne saurais plus prendre les choses à la légère. J'ai fait jusqu'ici bonne mine à mauvais jeu, je fais tout ce qui dépend des forces humaines, pour redresser mes affaires et pour faire tête au possible à mes ennemis; mais il ne me coûte guère pour prévoir qu'ayant le plus lourd fardeau de la guerre sur le corps, pressé de tous côtés, abandonné sans secours, il faut absolument que je succombe en peu, dès que les opérations de campagne se feront avec vigueur, par la supériorité décidée des ennemis que j'ai alentour de moi et dont vous n'ignorez pas le nombre; enfin, ma chute une fois arrivée servira de pont pour entrer dans le Brunswick et dans le Hanovre, afin de vous accabler à votre tour. Je dois vous parler naturellement, je ne vois pas encore trop le grand péril que vous aurez à soutenir contre les Français. Vous sauriez couvrir de peu la Westphalie; il y a en pareilles circonstances de l'embarras partout, mais pour l'envisager du côté le plus dangereux et le plus pressé, vous ne sauriez disconvenir de la grande disproportion qu'il y a entre moi et mes ennemis. Si vous n'y faites pas attention, il ne tardera guère que vous ne le regrettiez, mais trop tard alors, de sorte que je ne saurais assez vous prier d'y réfléchir sérieusement.
<185>Je viens d'avoir encore le malheur que mon régiment de carabiniers vient d'essuyer quelque échec.185-1 Comme il faut absolument que je cherche mes subsistances dans ce pays-ci, pour assembler mes magasins, ce qui ne peut se faire, sans envoyer des troupes en exécution, et que l'ennemi est trop en force vis-à-vis de moi, pour que je ne saurais faire que de faibles détachements, il est arrivé audit régiment qu'en marchant entre Zeitz et Weissenfels, quatre colonnes du corps de Luzinsky l'ont entouré de sorte qu'il s'est vu obligé à se faire jour, l'épée à la main, à travers [de] l'ennemi, où il a passé, quoique en perdant jusqu'à 150 hommes185-2 et les deux colonels,185-3 qui ont été faits prisonniers.
Voilà des malheurs qui sont considérables, principalement parceque les autres en sont découragés, en sorte qu'on a de la peine à s'en servir dans les occasions importantes.
Der König bewilligt das Avancement des bei der Armee des Prinzen Ferdinand befindlichen Generalmajors Grafen Finckenstein zum Generallieutenant, nur müsse er noch den Dienst als Generalmajor weiter thun.
Federic.
Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.
184-1 Vom 20. März zwei Schreiben an d'Argens in den Œuvres Bd. 19, S. 138 und 140, sowie ein Schreiben an Voltaire, das. Bd. 23, S. 71.
184-2 Der Prinz hatte geschrieben, dass, wenn der König 15 oder auch nur 10 Schwadronen von der verbündeten Armee zurückberufe, es ihm nicht möglich sei, seinen Feldzugsplan (vergl. Nr. 11918) durchzuführen. „Si je me tiens alors en Hesse, l'ennemi pénétrera en moins de rien jusqu'au Bas-Weser et me forcera, par conséquent, à la retraite. Si je me tiens en Westphalie, pour couvrir le Bas-Weser, j'abandonnerai d'abord la Hesse.“
185-1 Am 17. März. Vergl. auch Tempelhoff a. a. O. Bd. IV, S. 10.
185-2 An Knyphausen (vergl. Nr. 11928): „140 hommes“ . Vergl. dazu S. 192.
185-3 Die Obersten von Arnstedt und von Treskow.