12082. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Au camp de Meissen, 14 mai343-2 1760.
Vous avez grande raison de dire dans votre lettre du 11 de ce mois qu'il paraît bien difficile343-3 que nous pourrons résister à ce nombre d'ennemis : le corps de Laudon, d'un côté, et les troupes des Cercles, de l'autre, s'ils marchent, ne trouveront personne vis-à-vis d'elles, et, en ce cas, nous nous trouverons obligés de nous battre avec les uns pour accourir à d'autres. Mais j'espère encore une diversion, soit des Turcs et des Danois, soit de l'un de deux.
<344>Je344-1 vous envoie ci-joint des nouvelles de Russie344-2 par lesquelles il me semble qu'il entre dans les projets des Russes autant de mesures défensives qu'offensives, et toutefois je crois qu'ils commenceront assez tard.
Je ne crains pas pour à présent la marche des troupes de l'Empire, mais je la crains au moment où nous serons occupés de tous côtés et où nous n'aurons pas des troupes à leur opposer. Ils n'avanceront que sur la fin de juin ou au commencement de juillet, lorsque je serai déjà obligé de faire d'autres détachements; alors ils pourront aller jusqu'à Magdeburg. De toutes les opérations que l'ennemi peut faire, la plus dangereuse pour moi est celle de la Lusace; c'est, par conséquent, à celle-là qu'il faut que je m'oppose nécessairement. Ils prendront le temps, pendant que je suis occupé de ce côté-là; le prince de Deux-Ponts ira à Leipzig et vers ces environs-là. Vous pouvez bien vous imaginer qu'il est impossible qu'il trouve là des troupes à lui résister. Si Hülsen quittait le camp de Meissen, pour couvrir le côté de Leipzig, le corps que les Autrichiens ont à Plauen et à Dippoldiswalde, pourra s'avancer tout de suite sur Torgau; aussi je n'ose pas remuer ce corps d'ici qui reste.
Les mêmes circonstances se rencontrent à peu près en Silésie; il est impossible que Fouqué résiste à Laudon, à Beck et au corps de Draskowich auprès de Neustadt. Aussi, en combinant toutes ces choses ensemble, à moins que toutes ces diversions n'arrivent qu'on nous promet, la machine commencera à chanceler vers la fin de juillet, et au mois d'août ou de septembre sa chute s'ensuivra.
Ce qui pourra nous soutenir encore, ce sera peut-être quelque heureuse action qui pourrait intimider nos ennemis d'un côté ou d'autre et nous donner quelque répit; mais vous sentez combien le hasard a de l'influence dans toutes ces choses-là, et que l'on ne doit compter de battre l'ennemi que lorsqu'il est battu.
Vous devez être fatigué de mes lettres, mon cher frère; mais il y a tant de choses qui changent, et toutes les idées que ces choses me font passer par la tête, je vous les rends, et je profite du temps pour vous mettre au fait de toutes mes pensées; il viendra un temps où, quand même nous le voudrions, nous ne pourrons plus nous les communiquer. Rien ne branle ici, les Cercles sont immobiles à Coburg.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.
<345>343-2 Vom 14. Mai ein Schreiben an d'Argens in den Œuvres, Bd. 19, S. 165; an denselben ein Schreiben aus dem Mai ohne Tagesdatum das. S. 169. — Am 14. Mai spricht der König dem Prinzen Ferdinand von Preussen seine Freude über dessen glücklich erfolgte Ankunft in Stettin aus und hofft, ihn und den verwundeten Prinzen von Württemberg (vergl. S. 329) bald gänzlich hergestellt zu sehen. — Ueber den Gesundheitszustand des Prinzen Ferdinand handelt auch ein weiteres Schreiben vom 28. Mai. [Ausfertigungen im Hausarchiv zu Berlin.]
343-3 An Finckenstein schreibt der König am 14. : „Je crois bon et nécessaire de vous informer de la situation présente des affaires ici et ce que l'on en doit présumer de ce qui en pourra probablement arriver dans la campagne qui vient, à moins du chapitre d'incidents et des secours qui nous arriveront heureusement, et dont je ne saurais rien espérer encore dans le moment présent.“ Es folgt alsdann, fast gleichlautend, das im obigen an Prinz Heinrich mitgetheilte.
344-1 Dieser Absatz fehlt in dem Erlass an Finckenstein.
344-2 Liegen nicht bei.