12163. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Au camp de Meissen, 12 juin 1760.
Voyez, je vous prie, le changement inopiné qui arrive; voilà Lauden qui a quitté son camp de Frankenstein et qui a décampé la nuit en prenant son chemin par Silberberg dans le comté de Glatz. Il semble qu'il visite tous les chemins de Silésie et toutes les forteresses; il faudra voir si son intention est réellement d'assiéger celle-ci. Je passerai le 15 la rivière, comme je vous l'ai écrit,415-3, mais je me contenterai de prendre mon camp de l'autre côté de Meissen, et je ne hasarderai rien, à moins qu'il n'y ait des raisons très fortes qui m'y<416> obligent, comme le serait, par exemple, si l'ennemi entreprend réellement le siège de Glatz.
Je n'ose pourtant vous dire encore que les Turcs aient donné lieu à ce changement, et, comme je n'ai eu aucune nouvelle de ce pays-là depuis les dernières lettres dont je vous ai parlé,416-1 il m'est impossible de vous dire ce qui s'y est passé.
Les nouvelles de la Russie disent que les Russes ne se mettront pas encore en marche; d'autres disent qu'ils veulent marcher le 12. Vous êtes à portée d'avoir des nouvelles sûres de ce pays-là, ainsi je me rapporte bien à vous. Mais il est sûr qu'il faut bien de la circonspection dans les conjonctures où nous nous trouvons, pour agir toujours à propos et pour ne rien faire ni trop tôt ni trop tard.
Federic.
Nach der Ausfertigung.
415-3 Vergl. Nr. 12150.
416-1 Vergl. Nr. 12137.