12253. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A MAGDEBURG.
Quartier général de Gruna, 16 juillet493-4 1760.
Votre lettre du 11 vient de m'être rendue, sur laquelle je suis bien aise de vous dire que, quoique je souhaiterais également, ainsi que vous, que la négociation avec la France pût reprendre bientôt, et après le retour du comte Affry à La Haye,493-5 une sorte de consistance, je ne saurais néanmoins autoriser le sieur de Hellen de traiter séparément avec le comte Affry sur une paix particulière entre la France et moi, parceque cela ne manquerait pas d'inspirer de l'ombrage et de la méfiance à l'Angleterre, ce que je dois soigneusement éviter, et des intérêts de laquelle et de ses alliés je ne me séparerai jamais.
Mais, pour contribuer au possible à l'ouvrage salutaire d'une paix séparée et particulière entre la France et l'Angleterre et les alliés de<494> celle-ci, et afin que cette affaire réussisse d'autant plus tôt, je veux bien agréer que le sieur de Hellen, quoique toujours en communiquant fidèlement avec le général Yorke, s'explique avec le comte d'Affry, dès que celui-ci, après son retour, recommencera à lui tenir quelques propos, afin de tirer au clair et faire expliquer le ministère français, pour savoir au juste ce que la France veut à mon égard; sur quoi ledit sieur de Hellen pourra d'autant plus insister convenablement auprès du comte d'Affry, en lui insinuant que, tant que l'on ne s'expliquerait pas clairement et intelligiblement sur ceci de la part de la France, tous les propos vagues et généraux ne conduiraient à rien. Enfin, le susdit sieur de Hellen pourra bien entrer, comme de lui-même, avec le comte d'Affry et lui faire connaître qu'il ne s'agissait que de se parler avec confiance et clairement, pour voir si l'on pouvait s'accorder de concert avec l'Angleterre; mais il prendra tout ce que le comte d'Affry lui répondra, ad referendum et attendra des ordres ultérieurs de ma part là-dessus, en attendant qu'il communiquera confidemment et fidèlement avec le sieur de Yorke et le baron de Knyphausen.
Voilà en conséquence de quoi vous instruirez le sieur de Hellen, en lui suppéditant pour sa direction tout ce que vous croirez nécessaire.
Quant à la lettre que je vous renvoie ci-jointe,494-1 elle ne me paraît indiquer qu'un aventurier qui cherche à nous attraper pour notre argent, vu que non seulement le caractère de la lettre est tout-à-fait d'un Italien, mais qu'il n'y a pas la moindre apparence que le prince Iwan aurait eu l'occasion de s'échapper clandestinement d'un pays où les moyens à cela ne sont guère praticables,494-2 et que, supposé même que le vrai prince Iwan eût pu surmonter ces difficultés, il n'est pas vraisemblable qu'il aurait voulu s'adresser à la cour de Rome, pour trouver là de la protection et de l'assistance, préférablement à d'autres qui le regardent de bien plus près.
Federic.
Nach der Ausfertigung.
493-4 In einem Schreiben vom 16. Juli an den Prinzen Ferdinand von Preussen spricht der König wieder seine Wünsche für dessen Herstellung aus (vergl. S. 343). „Quant à moi, j'ai, pour le présent, lieu de me flatter de prendre en peu la ville de Dresde; toutefois cela ne décidera encore de rien relativement aux grandes affaires.“ [Berlin. Hausarchiv.]
493-5 Vergl. S. 374.
494-1 Ein Brief, gezeichnet „Iwan Prince“ , d. d. Rom Ii. April, mit der Bitte um Unterstützung.
494-2 Der Zar Iwan wurde seit 1741 in der Festung Schlüsselburg gefangen gehalten.