12258. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.
Au quartier de Gruna, 17 juillet 1760.
J'ai reçu, dans ce moment, la lettre que Votre Altesse m'a faite du 11 de ce mois. Vous saurez croire que je suis très fâché de ce que la Fortune n'a pas tout-à-fait fait prospérer l'entreprise que mon<499> cher neveu avait formée contre l'ennemi;499-1 mais, comme rien n'est plus facile à la guerre qu'avec toutes les bonnes mesures qu'on ait prises, on trouve devant soi un corps supérieur en nombre, au lieu qu'on avait cru d'en trouver un assez médiocre, ainsi il n'y a rien d'extraordinaire dans cet évènement. Il est, en attendant, toujours fâcheux que cette affaire soit arrivée dans le moment présent.
Nonobstant cela, je suis du sentiment que vous saurez y remédier bientôt et que le chemin le plus sûr que vous saurez aller pour y parvenir, sera de tâcher de combattre et de détruire les corps séparés des Français et qui agissent ou campent séparément de la grande armée, comme celui du prince Xavier et celui sous Saint-Germain; ce sera de cette façon-là que vous réussirez mieux et plus facilement, et l'échec d'un de ces corps ou de tous les deux inspirera toujours de la terreur au gros de l'armée française, et l'intimidera. A mon avis, c'est la voie la plus sûre, et où il n'y aura rien à hasarder; cependant, vous savez bien que, quand l'armée est éloignée d'une telle distance que je le suis de vous, l'on ne peut jamais donner avec certitude d'aussi bons avis comme les personnes qui sont présentes sur les lieux et qui, par la connaissance locale qu'ils ont, en savent toujours mieux juger que les absents de ce qu'il y a à faire.
Je fais, en attendant, des vœux ardents, afin que toutes vos entreprises soient couronnées de tout le bonheur imaginable; car, pourvu que les choses de la bonne cause commune doivent réussir, il faut que vous, ni moi, ni mon frère Henri, [n']ayons quelque malheureux échec considérable, sans quoi nos affaires iraient très mal.
Federic.
Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.
499-1 Der Erbprinz von Braunschweig hatte auf dem Marsch von Sachsenhausen nach Corbach am 10. Juli den Feind ohne Erfolg angegriffen und sich darauf wieder zurückziehen müssen.