12274. [RELATION.]
Du quartier général de Gruna, 19 juillet 1760.
Après que le général Lacy se fut retiré de son camp de Reichenberg vers Dresde pour se joindre avec l'armée de l'Empire, qui campa au Plauensche Grund, près de ladite ville, le Roi repassa l'Elbe, le 13, auprès du village de Kaditz.
Dès que le général Lacy s'aperçut de ce passage, il trouva bon de lever son camp et de marcher, conjointement avec l'armée de l'Empire, du côté de Pirna. Le Roi, voyant cette manœuvre du général Lacy, se tourna d'abord vers la ville de Dresde, où l'ennemi tenait encore le Grand-Jardin; d'où il fallut le déloger, et on lui fit quelques prisonniers.
Le même jour, le Roi fit sommer le commandant de Dresde, le général Maquire, de remettre la place; il lui fit offrir une capitulation honorable et la sortie libre, pour lui et sa garnison, en l'assurant, d'ail<510>leurs, qu'en cas qu'il l'acceptât, il ne serait pas fait le moindre mal, ni aucun dommage à la ville. Le général Maquire rejeta cette capitulation et fit répondre qu'il défendrait la ville jusqu'à l'extrémité.
On fut donc obligé d'en venir à la force; les faubourgs furent emportés, les ennemis délogés, et l'on commença à travailler aux batteries.
Le commandant ne nous vit pas plutôt maîtres des faubourgs que, par son artillerie, il commença à y mettre feu. Cela ne fit pas discontinuer notre travail; les batteries furent établies et commencèrent à tirer. Comme elles sont très près des ouvrages et quelques-unes même sur le bord du fossé, quelques bombes échappées mirent le feu aux maisons voisines du rempart, ce qui était difficilement à empêcher, quoique le Roi avait défendu expressément aux artilleurs et aux ingénieurs de ne point faire jouer l'artillerie contre la ville, mais uniquement sur le rempart.
Cela n'aurait point causé d'incendie général, si nos gens sur les batteries ne se fussent aperçus qu'il y avait 4 pièces de canon sur la tour de l'église nommée la Kreuzkirche, qui tiraient de temps à autre sur nos batteries. Pour les faire taire, on fut obligé d'y jeter quelques bombes, qui mirent le feu à la tour.
La chute du clocher le communiqua aux maisons voisines, et un vent impétueux qui se leva, répandit l'incendie au loin, qu'à l'heure qu'il est, par cet accident, il y a près de deux tiers de la ville qui sont réduits en cendre.
Nach der Ausfertigung.