12336. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A LONDRES.
Quartier général de Hermannsdorf, 27 août 1760.
La position où j'ai été jusqu'à présent avec mon armée et surtout avant la journée près de Liegnitz, n'ayant pas permis que j'aie pu assurer tout-à-fait la sûreté de la correspondance avec mes autres États, voilà pourquoi je n'ai pu recevoir vos dépêches du 29 et du 30 de juillet et du 1er et 8 de ce mois qu'hier.
Quant à ce que vous venez me répéter par votre dépêche du 29 au sujet du plan que vous m'aviez proposé et qu'en conséquence de ma lettre du 17 de juillet563-2 je n'ai pu nullement goûter, je suis bien aise de vous faire observer encore que mon traité et mes conventions avec l'Angleterre roulent principalement sur le grand point qu'aucune des parties contractantes ne fasse séparément sa paix avec l'ennemi. Voilà ce que surtout dans les circonstances présentes il faut que l'Angleterre et moi observions religieusement et réciproquement, sans entendre parler d'aucune séparation, sous quelque face illusoire et trompeuse qu'elle nous soit présentée de la part de nos ennemis. D'ailleurs, il faudra que vous considériez que, dans la guerre présente, l'avantage était du côté de la France et, si la position de celle-ci était qu'elle saurait prescrire des lois à l'Angleterre, votre prétendu plan saurait être envisagé peut-être d'une autre face; mais, comme les Anglais ont eu jusqu'à présent tous les avantages humainement possibles sur les Français, c'est donc à ceux-là de donner les lois à ceux-ci, et non pas aux derniers d'en donner aux Anglais.
Au surplus, comme les opérations de la campagne sont à cette heure en grand train, il faudra bien en attendre tranquillement le succès et voir alors, la campagne finie, ce qu'il y aura à faire pour le rétablissement de la paix générale. Je crois avoir lieu de me flatter qu'alors nos ennemis, et surtout les Français, seront obligés de verser de l'eau dans leur vin.
Je vous sais bien du gré des nouvelles que vous m'avez données<564> au sujet de mon émissaire à Constantinople,564-1 dont depuis le 22 de mai je n'ai eu la moindre nouvelle, ni du train qu'il a pris sa négociation, sans en savoir aucune raison.
Federic.
Nach dem Concept.
563-2 Nr. 12 255.
564-1 Knyphausen und Michell hatten, London 1. August, auf Grund von Briefen aus Konstantinopel vom 18. Juni berichtet, „que la négociation du sieur de Rexin se trouvait toujours dans le même état d'incertitude“ .