12347. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Quartier de Bunzelwitz, 6 septembre 1760.

J'accuse la bonne réception de votre lettre du 5 de ce mois.

Le prince Ferdinand de Brunswick vient de me faire annoncer par un exprès la bonne nouvelle que l'armée française, s'étant vu obligée de se retirer de Warburg572-4 vers Cassel, elle venait de perdre à cette retraite 2000 hommes de prisonniers, 100 canons et presque tout son bagage. Il ajoute qu'il venait de détacher le Prince héréditaire avec un corps de troupes partagées en différents corps contre le duc de Württemberg, pour aller à sa rencontre en Saxe.

J'attends ici les provisions nécessaires de pain pour mon armée, que j'ai eu de la peine à assembler, faute de boulangerie et de boulangers de campagne, de sorte qu'il faut nécessairement que j'attende pour arranger cet article indispensable.572-5

Il m'est tout-à-fait impossible de vous prévenir sur ce que les Autrichiens feront. Il y a des circonstances qui me laissent présumer quelquefois que ces gens tenteront quelque chose, mais il y a d'autres circonstances quelquefois qui me laissent croire qu'ils ne voudront pas tenir. Je pense de passer peut-être le 9 dans les montagnes.

Des Russes, je suis presque entièrement persuadé que toute leur attention se tourne vers ici; si les choses prendront ici une tournure heureuse pour nous, je voudrais presque parier qu'ils ne voudront plus rien entreprendre ; si les choses vont mal pour nous, chacun de nos<573> ennemis voudra nous tomber sur le corps. Vous concevez aisément ainsi combien j'ai besoin d'aller prudemment et sagement dans ces affaires, pour ne pas y gâter rien. J'exécuterai, cependant, mon projet, mais avec toute la sagacité et précaution imaginable, afin que, si les choses parviennent à quelque engagement décisif, je sois au moins en quelque façon assuré qu'ils ne sauront aisément me manquer.

Dès qu'il se passera ici quelque chose d'important, je ne laisserai pas de vous en donner connaissance; pour des bagatelles, il ne vaudra pas la peine de le faire.

Voici enfin le temps où de bonnes nouvelles se succèdent; je souhaite de tout mon cœur d'en recevoir bientôt de votre santé.573-1 J'ai ici une grande machine à gouverner et je suis seul; je tremble, quand j'y pense. Adieu, cher frère, je vous embrasse.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.



572-4 So nach dem Concept; in der Vorlage: Marburg.

572-5 Auf dem Berichte des Generals Zastrow, d. d. Schweidnitz 6. September, finden sich die Weisungen für die Antwort: „Sehen, so viel er kann, von die österreichsche gefangene Officiers zu hören, was ohngefähr das Projet der Oesterreicher wäre, ob was risquiren würden oder nichts risquiren. So viel an ihm läge, Bäckerei pressiren, dass wir das Brod bald kriegen, so wir haben müssen.“

573-1 Vergl. Nr. 12340.