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661. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN [A MANNHEIM].

Potsdam, 15 janvier 1742.

Je viens de recevoir dans ce moment votre dépêche du 9 de ce mois, par laquelle j'ai vu le triste état où sont les affaires du roi de Bohême tant en Bavière que dans la Haute-Autriche, chose que le maréchal de Schmettau leur a prédite assez de fois, en leur voyant faire de si mauvaises manœuvres. Quoique je n'aie pas trop lieu d'être content des manières dont le Roi a usé vers moi, lorsque le vent lui soufflait en poupe, me faisant alors d'abord des chicanes sur mes quartiers d'hiver et sur les régiments qui y sont, et que j'aie lieu de craindre que, quand j'aurai tout fait, on ne laisse pas de me payer d'ingratitude, néanmoins, par amour du Roi et de la cause commune, je tâcherai de partir dans une couple de jours, autant qu'il sera possible, et de faire à l'ennemi une diversion puissante, néanmoins à cette condition expresse qu'on me laisse la disposition absolue sur les troupes saxonnes et françaises qui y sont sous Polastron, afin que je puisse agir selon que je trouverai conforme aux intérêts de la cause commune.

Si on veut accorder cela, je tâcherai de faire à l'ennemi une diversion pour l'obliger de rebrousser le chemin de la Bavière; sinon, je suis persuadé que le roi de Bohême trouvera lui-même que je ne pourrais pas servir là en subalterne, et que je ne pourrais pas exposer mes troupes à être ruinées avec des gens qui entendent si mal leur métier, et qui font des bévues si inconsidérées qu'on a de la peine à les croire.

Quant à l'article de l'argent, vous pouvez assurer au Roi que je m'acquitterai fidèlement de tout ce que j'ai promis sur l'article de Glatz, mais pour d'autres prêts d'argent, je ne pourrai les faire sans avoir des sûretés entières, quoique cela se puisse faire en secret entre moi et le roi de Bohême, et on trouvera alors assez de moyens pour habiller la possession du cercle de Königgrätz que je demande pour hypothèque.1 Vous insinuerez tout cela d'une manière convenable au roi de Bohême, et j'en attends la réponse au plus tôt. Je suis etc.

Federic.

Si on vous demande un prêt d'argent, vous êtes assez instruit que cela ne se fera pas autrement que sur une hypothèque sur Königgratz. Il me semble que le service signalé que je viens de rendre au roi de Bohême, en tâchant de le tirer d'un si grand embarras, mérite quelque reconnaissance.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.



1 Am 16. Januar entwirft Podewils nach den ihm an demselben Tage zu Charlottenburg mündlich ertheilten Weisungen des Königs einen eingehenderen Erlass an Klinggräffen über diese Frage; der Gesandte soll betonen „que je ne prétends garder ce district que pour la sûreté du remboursement de l'argent que j'avance au roi de Bohême, qu'il ne sera démembré ni aliéné pour jamais de ce royaume, mais qu'en tout cas je le posséderai à titre de fief.“