811. AU GÉNÉRAL CHEVALIER DE SAXE A KRZINETZ.
Chrudim, 27 avril 1742.
Monsieur. Vous savez que c'a été sur votre instance que j'ai permis aux troupes saxonnes de, passer l'Elbe à Teinitz et Kollin, sous la promesse que vous me fîtes1 que vous passerez tout d'un train et au plus vite de là jusqu'à Melnik et Leitmeritz, pour ne point causer le moindre préjudice à mes troupes, qui arriveront au premier jour dans le cercle de Bunzlau et de Königgrätz, et que même on remettrait dans mes magasins ce qu'on avancerait à vos troupes. Vous jugerez donc de ma surprise et de mon chagrin, lorsqu'on vient de me mander que vos troupes, après avoir passé l'Elbe, commencent non seulement de vivre à discrétion, se faisant livrer des fourrages du pays, mais qu'elles commettent toute sorte de désordres, et se font livrer les chevaux de relais, qu'elles emmènent avec eux. J'ai trop bonne opinion de vous, Monsieur, pour que je puisse jamais croire que de telles exactions, contre la parole donnée, se puissent commettre par vos ordres, ni que même vous en ayez connaissance. C'est pour cela que je vous en informe, demandant de vous que vous le voudriez redresser incontinent, et donner vos ordres positifs qu'on renvoie d'abord tous les chevaux qu'on a pris de cesdits cercles, de même que vos régiments y doivent passer au plus vite et tout d'un train, sans y faire des exactions. Je m'y attends d'autant plus que, si le tout n'est remédié sans délai, je me verrai obligé d'en porter mes plaintes à Sa Majesté le Roi votre maître, dont la justice est trop reconnue pour que je n'en doive attendre toute la satisfaction raisonnable d'un procédé si insultant. L'affaire est trop sérieuse pour que je ne doive attendre que vous la redresserez au plus tôt, puisqu'il s'agit de la conservation d'un pays dont il faut absolument que je tire ma subsistance, si je dois agir pour le bien de la cause commune. Je suis avec estime, Monsieur, votre bien affectionné
Federic.
Nach dem Concept.
812. AU GÉNÉRAL CHEVALIER DE SAXE A KRZINETZ.
Chrudim, 27 avril I742.
Monsieur. Par ma lettre d'aujourd'hui je me suis déjà expliqué envers vous sur les raisons que j'ai d'être mécontent de la conduite de quelques-unes de vos troupes à qui j'ai donné la permission de passer l'Elbe.
Ces avis continuant à me venir de plus en plus, j'ai été obligé de donner ordre à toutes mes garnisons le long et au delà de l'Elbe, dans les cercles de Königgrätz et de Bunzlau, de ne plus laisser passer l'Elbe à aucunes de ces troupes, mais de leur dire, en mon nom, de prendre leur
1 Vergl. oben S. 130 Anm.