1113. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A SAINT-PÉTERSBOURG.
Potsdam, 23 avril 1743.
Par ma précédente lettre du 20 de ce mois vous aurez déjà vu de quelle manière je souhaite d'être instruit de la façon que la cour de Russie pense sur mon sujet. Pour en être d'autant plus au fait, je vous ordonne que vous me deviez mander tout naturellement, et sans prévention ni réserve, vos véritables sentiments sur les deux problèmes qui suivent:
1° Ce que la cour de Russie ferait, au cas que les conjonctures dussent exiger que je me déclarasse pour la France contre la maison d'Autriche?
2° De quel œil la cour le regarderait, si j'étais obligé d'attaquer les pays hanovriens; si elle serait obligée alors de prêter son secours au roi d'Angleterre contre moi, et si elle le secourrait effectivement?
Vous devez me mander vos réflexions sur ces deux points, de la manière que je vous l'ai ordonné. Au surplus, il ne sera pas besoin de vous recommander le plus grand secret sur une chose de cette importance, qui, quoiqu'elle ne soit que problématique et uniquement fondée sur ma curiosité d'être au fait de tout, ne laisserait pas d'avoir des suites, si la moindre chose en éventait.
Federic.
Nach dem Concept.
1114. A L'EMPEREUR DES ROMAINS A FRANCFORT SUR-LE-MAIN.
Berlin, 23 avril 1743.
Monsieur mon Frère. J'ai bien reçu la lettre que Votre Majesté Impériale a trouvé bon de m'écrire en date du 28 février passé, concernant la nécessité de former au plus tôt une armée de l'Empire suffisante pour y conserver la tranquillité, et pour en mettre les États neutres à l'abri des calamités qu'une guerre générale devrait naturellement leur attirer, et des violences qui leur pourraient être faites par des armées étrangères. Votre Majesté Impériale connaît trop bien mes sentiments pour mettre en doute que je ne donnasse les mains avec plaisir à toutes les résolutions que l'assemblée de la Diète jugera à propos de prendre, pour obtenir un but aussi désirable, un des principaux objets de mon attention étant de remplir exactement et en vrai patriote tous les devoirs que m'impose à cet égard la qualité d'électeur et d'un des principaux membres du Corps Germanique, de sorte que Votre Majesté Impériale peut compter que, pourvu qu'Elle puisse engager les autres États à s'expliquer favorablement à la Diète sur les moyens qu'Elle va lui proposer, mon suffrage ne Lui manquera certainement point, et que le contingent que j'aurai à fournir à l'armée