<397>
 

semblance à l'apocalypse de Carteret. Il me semble que si l'affaire était vraie, on aurait envoyé un émissaire à milord Carteret avec des propositions où l'on eût principalement eu envie de concilier les intérêts de l'Angleterre et ceux de la France; naturellement dans une pareille négociation il n'aurait point été question de la Silésie, on aurait réglé des intérêts directes, et point des accessoires.

Milord Carteret a écrit à Hyndford que le roi d'Angleterre en avait été frappé; qu'il avait d'abord fait venir le prince Charles de Lorraine, le maréchal comte de Khevenhüller, et le baron de Wasner, ministre de la reine de Hongrie auprès de lui, en leur communiquant ces belles propositions de la France; que tous ces messieurs avaient insisté à les faire communiquer sans perte de temps à Votre Majesté pour Lui donner la marque la plus évidente de la droiture de la reine de Hongrie et du roi d'Angleterre, et qu'on sentait bien que c'était une ruse de la France.“ . . .

„J'avoue que je ne saurais revenir de ma surprise sur cette communication. H est certain qu'il faut se méfier de ces sortes de confidences . . . ., mais ceci est accompagné de tant de circonstances, et a. passé par les mains du premier électeur de l'Empire, que la France ne saurait lui donner un démenti, quelque sauce ou couleur qu'elle voulût y mettre et, en cas que l'Électeur persiste à le soutenir, il faut convenir que c'est la plus noire de toutes les trahisons et perfidies, et que l'amorce que la France a présentée à la reine de Hongrie et à ses alliés a été toujours bien tentante .... Je laisse aux hautes lumières et à la pénétration de Votre Majesté l'usage qu'Elle croira le plus convenable de tout ceci, et le parti qu'Elle aura à prendre avec le temps dans cette épineuse époque, qui devient de jour en jour plus critique.“

Le conseil tenu en présence du comte Khevenhüller, du prince Charles, et de Wasner, est encore une chose suspecte; croyez-vous, si ces propositions étaient vraies, que l'on n'eût pas d'abord faire partir un courrier pour Vienne? et le roi d'Angleterre ne m'aurait informé du fait qu'après avoir reçu réponse de la Reine. Par quelle nécessité fallait-il tant presser Hyndford de m'informer de propositions qui regardent la reine de Hongrie, et qui seraient fort agréables au roi d'Angleterre, s'il voyait du jour pour les exécuter? Pourquoi, si le tout était vrai, ne communique-t-on pas des pièces originales, et pourquoi se contente-t-on de ne faire le tout que verbalement? ... Le fond de cette affaire est que l'on voudrait me faire entrer dans leurs projets, pour être plus sûr de moi, ou peut-être pour que je perde sang en même temps qu'eux, ou peut-être par ce qu'ils n'ont pas assez de troupes pour exécuter leurs desseins contre la France.

Federic.

Nach der eigenhändigen Aufzeichnung (praes. 9. August) am Rande des Berichts.