Quant à l'armée de l'Empereur, je suis d'opinion qu'il sera indispensablement du service de l'Empereur de la faire camper ou cantonner là où elle est, jusqu'à ce que les troupes anglaises ou autrichiennes commencent à entrer dans des quartiers d'hiver. Et comme il est impossible que ces troupes ne doivent pas prendre les leurs dans des États de quelque prince neutre de l'Empire, cet exemple autoriserait alors l'Empereur de mettre pareillement son armée dans des quartiers d'hiver sur les territoires de quelques États neutres, à quoi les plus propres seraient l'évêché d'Eichstædt, les territoires des villes de Nuremberg, Francfort, et autres villes d'Empire ou de petits États, pour ne pas offenser les puissants États de l'Empire.
Au reste, je ne saurais omettre ici de vous dire que je crois nécessaire que l'Empereur tâche de se rapprocher un peu plus de l'impératrice de Russie, sans lui demander pourtant d'abord ni troupes ni subsides. Le moyen le plus sûr pour parvenir à cette fin serait, si l'Empereur voulait donner le titre d'impératrice à la souveraine de la Russie, du moins de sa chancellerie domestique, promettant en même temps qu'il s'employerait auprès de l'Empire pour qu'il la reconnût de la même manière. Cette démarche, qui en soi n'est qu'une vétille, ouvrirait à l'Empereur la correspondance avec la Russie, qui ne saurait être que d'un très bon effet pour les intérêts de l'Empereur. Je suis avec des sentiments d'estime votre très affectionné
Federic.
Nach dem Concept.
1195. A L'EMPEREUR DES ROMAINS A FRANCFORT SUR-LE-MAIN.
Anspach, 19 septembre 1743.
Monsieur mon Frère. Pendant mon séjour d'ici étant venu à ma connaissance que l'année de Votre Majesté Impériale sous les ordres du maréchal de Seckendorff n'en était campée qu'à quatre lieues, je n'ai pu me refuser la satisfaction de l'aller voir.
L'attachement que j'ai pour tout ce qui regarde Votre Majesté Impériale et Ses intérêts, me fait prendre la liberté de Lui rapporter la véritable situation où j'ai trouvé actuellement cette armée, à laquelle j'ai observé qu'il manque jusqu'à 8,000 hommes de son état complet. Les soldats communs m'ont paru assez bons et de bonne volonté, mais de ce qu'il y a d'officiers, la plupart m'en a paru si pitoyable que je crois qu'il sera d'une nécessité indispensable d'en faire quelque réforme, puisqu'il y en a beaucoup ou de fort basse extraction, ou de vieux et incapables, ou d'autres qui sont peu propres pour le service, et dont on se peut passer de bon droit. Je me suis expliqué sur ce que j'en pense à Son maréchal de Seckendorff, et je lui ai donné des ouvertures d'où il pourrait tirer de bons officiers, capables au service, et, si j'ose