697. AU ROI DE POLOGNE A DRESDE.

Oppatau, 15 février 1742.

Monsieur mon Frère et Cousin. Dans ce moment nos troupes viennent de se rendre maîtresses d'Iglau, sans perdre un seul homme; nous avons toujours poussé les Autrichiens de village en village jusques hors d'Iglau, ils se retirent sur Neuhaus et Teltsch, et de là probablement sur la Basse-Autriche. Je ne puis m'empêcher de dire nettement mon avis à Votre Majesté; si Elle veut faire dans cette occasion ce qui me paraît convenable, Elle peut mettre actuellement Ses troupes en quartier d'hiver en Moravie, où jointes avec les miennes nous sommes pleinement en état de faire tête à l'ennemi, qui se tirera dans la Basse-Autriche. La saison est si mauvaise par les neiges et les boues qu'il fait, qu'à moins de vouloir ruiner les troupes il est impossible de continuer les opérations. Si au lieu de cela, Votre Majesté se résout à m'abandonner ici avec mon corps de troupes, en retirant les siennes, je ne puis m'empêcher de Lui déclarer rondement q'un procédé si extraordinaire donnera lieu à bien des mauvaises suites, et qu'après tout Elle me forcera à prendre des mesures convenables à la situation dans laquelle Son abandon me mettra.

J'ai persuadé avec toutes les peines du monde au comte Rutowski d'attendre reponse de ce courrier pour se régler ensuite là-dessus; pour moi, je l'attends tranquillement et préparé à tout événement; d'ailleurs je dois dire qu'il serait fâcheux que les grands princes donnassent des exemples d'jngratitude à l'univers, et qu'après Lui avoir conquis la Haute-Silésie à la pointe de l'épée et la Moravie presque entière, je me devais attendre à toute autre chose de l'amitié de Votre Majesté que de me planter tout net vis-à-vis de l'ennemi, en retirant Ses troupes. Je suis à jamais, Monsieur mon Frère et Cousin, de Votre Majesté le très bon frère et fidèle allié

Federic.

Nach der Ausfertigung im Königl. Haupt-Staatsarchiv zu Dresden. Eigenhändig.