719. AU CARDINAL DE FLEURY A ISSY.
Znaym, 27 février 1742
Monsieur mon Cousin. J'ai reçu la lettre que vous me faites le plaisir de m'écrire, et pour vous informer le plus souvent possible de l'état des choses, je vous apprendrai jusqu'où j'ai réussi dans mon expédition.
Le prince Lobkowitz s'est retiré d'Iglau vers Neuhaus, et de Neuhaus vers Krems; on assure que 10,000 fantassins du corps de Khevenhüller sont en marche pour le joindre, et que, réunis ensemble, ils viendront pour m'attaquer. Je n'ai pu marcher sur Neuhaus, à cause qu'on y aurait manqué absolument de subsistance, et que l'ennemi posté à Wittingau, n'aurait pu être attaqué à cause des marais et des lacs qui font de Wittingau un poste imprenable; j'ai en attendant poussé des têtes bien avant en Autriche, pour attirer d'autant plus l'ennemi sur moi et pour donner par là de la sûreté à M. de Broglie et mettre la ville de Prague hors d'insulte. Tout ce que je pouvais faire, après la reddition de Linz et de Passau, était de sauver la Bohême et les troupes qui s'y trouvent, en quoi je crois avoir réussi. Il s'agit à présent de voir le reste du dénouement, vous devez vous attendre à une bataille, je ne saurais vous en dire la nature, mais toutefois vous pouvez croire que je ne négligerai rien de ce que j'imaginerai d'utile et de glorieux pour la cause commune, et que je ferai tous mes efforts pour bien battre Messieurs les Autrichiens.
Je serai toujours prêt d'entrer dans les mesures que le nouvel Empereur jugera à propos de prendre, mais finissons premièrement en Moravie, après quoi Francfort ne sera qu'une bagatelle. Je suis avec toute l'estime imaginable, Monsieur mon Cousin, votre très fidèle et inviolable ami
Federic.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.