730. AU MARÉCHAL DE FRANCE COMTE DE BELLE-ISLE A VERSAILLES.
Znaym, 4 mars 1742.
Monsieur. Je viens de recevoir votre lettre du 23 de février, et vous me faites justice si vous êtes persuadé que, quelque sujet de mécontentement que d'autres me puissent donner, cela n'influera jamais ni sur les intérêts de l'Empereur ni de la France, qui me seront toujours chers.
La nouvelle que j'ai eue de la résolution de Sa Majesté Très Chrétienne, en ce qu'elle fait marcher actuellement 40 bataillons avec 30 escadrons d'augmentation, m'a charmé, et je suis sûr que, pourvu que ces troupes arrivent bientôt sur le Haut-Danube, les progrès que les Autrichiens ont faits jusqu'ici en Bavière seront bientôt arrêtés, et que les affaires prendront tout une autre face. Quant à mes opérations, je ne puis pas encore vous mander des nouvelles positives, et jusqu'à présent, je n'en suis pas tout-à-fait content, puisque plus je me suis avancé, plus j'ai trouvé d'empêchements. J'ai été obligé de me renforcer encore avec 6 bataillons et 15 escadrons, qui sont actuellement en marche pour me joindre, et je verrai alors ce qu'il y aura à faire. Des avis que j'ai eus tout récemment m'ont appris que les ennemis tâchent d'assembler un corps de troupes hongroises de 15,000 hommes proche de Scalitz, aux confins de la Hongrie, apparemment dans le dessein de se jeter vers Briinn. C'est ce que je chercherai pourtant d'empêcher de mon mieux.
J'ai été extrêmement surpris de voir que le nommé baron de Burnet s'est émancipé de dire à Sa Majesté Impériale que je lui avais fait espérance de prêter la somme de six millions de florins aux États de Bohême, en cas que l'Empereur voulût en être caution. La hardiesse de cet homme me paraît d'autant plus étonnante que je ne l'ai jamais ni vu ni parlé, et j'ignore encore sa condition et ce qu'il est;67-1 aussi suis-je fâché de ce que cet homme ait été si mal-appris d'avoir voulu faire accroire une chose à laquelle jusqu'ici je n'ai pas pensé.
Je fais des vœux pour votre heureux retour, que j'attends avec impatience, afin de pouvoir prendre avec vous les mesures nécessaires pour la campagne prochaine. Il sera absolument nécessaire de prendre de bons arrangements partout, dont à l'heure qu'il est on n'en manque que trop, de manière que je ne suis pas sans crainte de quelque désastre, si l'on ne s'y prend pas bientôt mieux que par le passé.
Je vous prie d'être assuré des sentiments de cordialité et d'estime avec lesquels je suis à jamais, Monsieur, votre très affectionné et fidèle ami
Federic.
<68>J'ai envoyé au Cardinal un plan dans lequel il n'y a point de pont;68-1 si nous voulons changer de plan tous les huit jours, comme l'année passée, nos opérations auront aussi le même sort.
Nach Abschrift der Cabinetskanzleï.
67-1 Burnet war Oberst in baireuthischen Diensten.
68-1 Vergl. die folgende Nummer.