843. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.
Camp de Saint-Anne près de Chrudim, 14 mai 1742.
Monsieur. Le Cardinal peut être entièrement assuré de mon amitié et de l'attachement parfait pour le Roi son maître; marque de cela, j'avais fait part à M. de Valory de ce qu'on m'a fait proposer de la part de la cour de Vienne par l'envoyé de l'Angleterre. La cour de Vienne m'a fait offrir la cession de la Haute-Silésie, la garantie de Juliers et de Bergue et encore d'autres avantages, moyennant que je veuille joindre mes troupes aux leurs pour expulser les Français de l'Allemagne, et me rendre, selon leur façon de parler,161-1 le libérateur de ma patrie. J'ai rejeté hautement et définitivement de pareilles propositions, comme indignes de ma gloire et trop opposées à ma façon de penser. On m'a menacé de faire une paix séparée avec l'Empereur a mon détriment: je leur ai répondu que j'étais si sûr de la bonne foi de mes alliés que je savais à quoi m'en tenir, et que ce n'était point à eux à m'en dire des nouvelles. Sur quoi ils m'ont dit que, pour donner une preuve de leur sincérité, ils voulaient bien me confier que 1a France avait envoyé un nommé Fargis161-2 à Vienne pour y négocier. <162>J'ai fait répondre que, quand M. le Cardinal aurait envoyé un émissaire à Vienne, quoique je le crusse bien éloigné de le faire, j'étais persuadé que cette démarche ne contiendrait jamais rien de préjudiciable aux alliés du Roi son maître. Sur quoi ils m'ont voulu faire part de tout le détail de cette négociation, mais j'ai rompu tout court là-dessus avec eux, et je n'ai plus cru nécessaire de parler avec eux de quoi que ce soit, en combinant cette démarche avec les menées précédentes de la cour de Vienne. L'on voit qu'elle met tout son salut dans la division des alliés, et qu'elle regarde l'artifice de les séparer comme ses plus fortes armes.
Je ne vois point pourquoi la France serait obligée de plier devant la fierté anglaise, et je crois que le Roi Très Chrétien, avec un allié aussi fidèle que le roi de Prusse, n'a pas lieu de céder à qui que ce soit, d'autant plus que la force des alliés est si supérieure à celle de la reine de Hongrie qu'il n'est pas possible à cette princesse de se soutenir contre tant de forces réunies. On remercie le Cardinal de la confiance qu'il met en nous; il aura toujours lieu d'être content du roi de Prusse, qui préfère l'amitié et l'alliance du Roi à tous les avantages que pourraient lui faire la reine de Hongrie et ses alliés.
Quant aux affaires ecclésiastiques, il paraît que le Pape ait été assez mal informé de ces consistoires qu'on nomme mixtes dans la Silésie.162-1
Selon mon intention, il n'y a que les affaires ecclésiastiques des églises protestantes qui sont du ressort de ces consistoires, et ils ne se mêleront jamais ni des choses purement ecclésiastiques de ceux qui professent la religion catholique, ni de ce qui concerne leur culte et leurs cérémonies. Mais comme il peut arriver que des catholiques ont des plaintes à faire contre des protestants, j'ai mis des membres catholiques dans ces consistoires pour ôter tout soupçon de partialité, de quoi je crois que les catholiques n'auront pas lieu de se plaindre.
La raison pourquoi j'ai souhaité d'avoir un vicaire général sur toutes les églises catholiques dans mon pays, c'est que j'aime mieux que mes sujets qui professent la religion catholique, dépendent plutôt de la <163>jurisdiction spirituelle d'un évêque établi dans mon pays, que des évêques qui sont sous la domination de princes étrangers.
Federic.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.163-1
161-1 Graf Giannini schreibt an Eichel, Znaym 4. März : „On est en attente de la Proposition du Roi, qu'on regarde comme ]e vindicateur de la liberté du Saint-Empire: ce sont les termes de M. le comte Gundaccar de Starhemberg.“
161-2 2 Vgl. oben S. 142.
162-1 Fleury hatte einen an ihn gerichteten Brief des Papstes vom 10. März 1742 übersandt, in welchem es heisst : „Le marquis de Brandebourg veut établir en Silésie un nouveau système pernicieux aux Catholiques, malgré la liberté de religion qu'il apromise. Nous ne savons que trop qu'il pense à un consistoire composé de Luthériens et de Catholiques qui soit juge des affaires ecclésiastiques. Le cardinal de Sintzendorf nous donne avis de tout cela, et il ajoute qu'en faisant un délégué apostolique, quiserait néanmoins nommé par le marquis de Brandebourg, pour tous ses États, on éviterait le consistuire.“ Selbst dieser Vermittelungsvorschlag erscheint dem Papst noch sehr bedenklich.
163-1 Eichel schreibt bei Uebersendung der Abschrift an Podewils, 16. Mai: „Was ich wegen des Marquis de Valory besorget, ist leider eingetroffen, wie Ew. Excellenz solches .... aus der chiffrirten Anlage, . . . . so aa Chambrier geschicket wird, .... ersehen werden. Gott weiss, wie mir dabei zu Muthe ist, wider den Strom aber kann ich nicht schwimmen, und muss ich gestehen, dass ich des Konigs Majestät nicht leicht animirter gesehen als Dieselbe jetzo uber die fière Resolution des wienerischen Hofes seind, welche Dieselbe als die grosste Verachtung annehmen. Il ne respire que vengeance. Indessen gefället mir die Tour gar nicht, welche in gedachter chiffrirter Pièce genommen worden .... Es ist mir solches von Wort zu Wort dictirt. Es ist wahr, miscemus ima profundis, Gott bewahre uns nur ne pereamus in undis, nach dem so-genannten Vaticinio Lehninensi.“