948. AU CONSEILLER DE LÉGATION D'AMMON A DRESDE.

Berlin, 4 août 1742.

J'ai reçu votre dépêche du 30 juillet dernier, et je suis fort satisfait du détail de ce qui s'est passé par rapport à l'acceptation et à la signature de l'acte de réconciliation entre la reine de Hongrie et Sa Majesté Polonaise.

Quoique Sa Majesté ait été comprise dans le traité préliminaire de Breslau, ainsi que diverses autres puissances, cela ne lui impose pas la nécessité d'y accéder, cet acte dépendant de la libre volonté de chaque souverain, et personne n'étant en droit de le forcer à remplir la place qu'on lui a ménagée dans de pareils traités. Ainsi je ne saurais trouver à redire que la cour de Saxe ait mieux aimé se réconcilier avec celle de Vienne par un acte particulier, que d'accéder au traité qui a terminé mes différends avec la reine de Hongrie. Il me parait d'ailleurs très naturel que Sa Majesté Polonaise se soit réservé ses droits, qui lui peuvent competer en son temps, rang et lieu, sur la succession d'Autriche. Mais je ne remarque pas qu'elle prétende exercer ses droits du vivant de la reine de Hongrie, de sa sœur et de leurs héritiers, ou de se réserver la faculté de donner ou de refuser son consentement aux cessions que la Reine a fûtes en ma faveur : prétention incompatible avec la teneur de l'acte de réconciliation même, et surtout avec la clause que l'acte en question ne dérogerait point aux préliminaires signés à Breslau, clause par laquelle la cour de Vienne reconnaît constamment l'obligation desdits préliminaires, et celle de Dresde avoue tacitement que la reine de Hongrie est en droit de transiger, ainsi qu'elle a fait, sur les États de la succession d'Autriche. De sorte qu'il n'est nullement probable que la cour de Vienne eût jamais proposé la clause susdite, ni que celle de Dresde l'eût acceptée, si le dessein de l'une ou de l'autre avait été, ainsi que vous les en soupçonnez, de se ménager une porte dé derrière pour invalider quelque jour les préliminaires en question.

<246>

Quant à l'autre prétexte que vous croyez pouvoir servir à contester la validité des cessions qui m'ont été faites par ledit traité, savoir que les États de Bohême n'avaient pas consenti an démembrement de la Silésie, je veux bien vous dire qu'on y a déjà pensé, il y a quelque temps, et pris toutes les mesures pour faire disparaître cette difficulté.

De sorte que vous ferez bien de rester tout-à-fait tranquille sur ce sujet, et de ne vous pas donner le moindre mouvement pour traverser la réconciliation dont il s'agit, soit par voie de protestation ou d'une autre manière, puisque la clause susmentionnée suffit pour mettre en sûreté mes acquisitions. Vous tâcherez néanmoins d'obtenir du ministre britannique copie de l'acte de réconciliation in extenso, pour me l'envoyer le plus tôt que vous pourrez.

Federic.

H. Comte de Podewils. C. W. Borcke.

Nach dem Concept. Zu Grunde liegt eine dem Grafen Podewils von dem Könige persönlich ertheilte Weisung.