1052. AU MARQUIS DE VALORY, ENVOYÉ DE FRANCE, A BERLIN.
Potsdam, 6 février 1743.
Monsieur. Pour répondre à la lettre que vous venez de m'écrire sous date du 4 de ce mois, je veux bien vous dire que je n'ai pas eu jusqu'à présent la moindre connaissance de tout ce que vous me mandez sur la conduite du margrave d'Ansbach, et que ce n'est que de vous que je suis averti des desseins qu'il doit avoir par rapport à une association. Aussi ne manquerai-je pas de lui écrire dans des termes énergiques, pour le déhorter d'agir contre les intérêts de l'Empereur.
La marche des troupes anglaises, qu'on assure devoir se diriger vers l'Allemagne, est une affaire qui ne me touche point seul, mais qui est du ressort de tout l'Empire. Les démarches que j'ai faites jusqu'ici pour engager la diète de l'Empire d'assurer la neutralité de l'Allemagne, sont assez connues. Mais, quand tous les autres États ne veulent nullement entrer dans les mesures que j'ai proposées, j'en suis quitte, et il me reste alors la consolation d'avoir fait tout ce qui a dépendu de moi. Sur ce que vous dites à l'occasion de l'avis qu'on a qu'une partie des troupes anglaises était sur le point d'entrer dans les États de Juliers et de Bergue, vous conviendrez, Monsieur, que ce n'est point le casus fœderis où l'Électeur palatin pourra réclamer ma garantie, quand il ne s'agit que d'une marche par ces pays. Mais, si jamais on voulait attaquer ces duchés et troubler la possession de l'Électeur en faveur d'un autre, c'est alors que je serais obligé de remplir mes engagements.
Au reste, il faut que j'avoue, Monsieur, qu'il n'y a rien qui décrédite plus à présent les Français en Allemagne que la mollesse de leurs opérations et la mine qu'ils font de vouloir retourner en France. Vous savez que, quand quelqu'un est obligé de se battre en duel, et qu'il demande des seconds, il n'en trouvera jamais, si l'on sait qu'il ne se bat pas de bonne foi. Je suis avec estime, Monsieur, votre bien affectionné
Federic.
Nach dem Concept.