12601. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN ET AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Leipzig, 21 décembre 1760.
Je n'ai reçu vos rapports du 5 et du 9 de ce mois qu'après le départ du courrier Knorre, que je vous ai dépêché d'ici avec ma lettre immédiate du [19] de ce mois.1
Je vous sais parfaitement gré de toutes les informations fidèles et sincères que vous m'avez données sur la situation présente des affaires de l'Angleterre et sur ce qui en pourra arriver à la suite du temps.2 Je ne saurais, d'ailleurs, que vous renvoyer à ces instructions amples et détaillées que je vous ai fournies en conséquence de ma lettre ci-dessus alléguée sur tous les cas qui sauront arriver.
Auxquelles j'ajoute cependant par celle-ci pour votre direction encore que, si le ministère britannique a absolument envie de faire sa paix particulière avec la France, je ne saurais pas l'en arrêter ni l'en empêcher, de sorte qu'il faudra que je fasse de nécessité vertu et que tout se fasse de bonne grâce entre nous, s'il n'y a pas autre moyen.
Mais l'unique chose la plus nécessaire alors et qui mérite que vous emploierez toute votre attention et votre adresse, sera que vous travailliez à faire stipuler par un traité formel entre moi et l'Angleterre, en termes clairs et nullement sujets à des chevilles ou explications contraires à son vrai sens, que l'Angleterre, dès son accommodement concerté avec la France, fournira toujours à ma disposition et à ses frais toutes les troupes allemandes sans exception qu'elle entretient actuellement sur pied auprès de l'armée alliée en Allemagne, jusqu'à ce que la paix entre moi et les ennemis qui me restent, sera pareillement faite et conclue, afin de me mettre par là en état de me soutenir contre ces ennemis; enfin, qu'elle ne voudra pas m'abandonner de ses secours durant toute cette guerre.
Voilà sur quoi, le cas ci-dessus allégué arrivant, vous dirigerez toute votre attention, pour me faire avoir ce traité formellement expédié et clausulé, afin que je n'aie point lieu de craindre l'abandon de l'Angleterre, quand même il arriverait, cette ma guerre durante, qu'elle s'en lassât autant que vous me marquez qu'elle [se] lasse actuellement de la présente guerre contre la France.
Au surplus, si le cas existe que l'Angleterre procède à son accommodement particulier avec la France, vous penserez aux moyens convenables pour disposer les ministres anglais à ce qu'il soit stipulé entre autres expressément que la France ne fournisse plus alors des subsides à la Suède ni, s'il est possible, aux Russes, pour me continuer la guerre.
Federic.
Nach dem Concept.
1 Nr. 12597.
2 Die Gesandten hatten, London 5. December, berichtet, die Hilfsmittel Englands seien bereits so erschöpft, dass die ganze Nation nach Beendigung des nächsten Feldzuges den Frieden verlangen werde.