<204> m'ayant parlé hier, m'a dit qu'en conséquence des instructions qu'il venait de recevoir de sa cour, les ministres anglais avaient été choqués en quelque façon de quelques termes compris dans l'extrait que vous leur aviez communiqué de la dépêche que je vous avais faite du 28 du décembre passé,1 servant de réponse au susdit précis : savoir, qu'on ne saurait douter de mon inclination à me prêter aux vues de l'Angleterre. Sur quoi, les ministres croyaient que c'était, au contraire, l'Angleterre qui s'était prêtée à mes vues pour faire sa paix.
A cela je vous dirai que tout ce qu'il y a de critiques grammaticales en ceci, vous ne devez point chicaner là-dessus, et si les ministres susdits marquent de la délicatesse sur l'expression mentionnée, il m'est bien indifférent si l'on explique ce terme comme quoi c'était l'Angleterre qui s'était prêtée à mes vues, ou moi aux siennes. En passant, je veux cependant vous faire souvenir que, par une de vos dépêches antérieures, vous m'avez marqué expressément le grand désir des susdits ministres pour finir cette [guerre], à laquelle leur fonds ne saurait plus suffire que pour la campagne de l'année présente,2 de sorte qu'il fallait que l'Angleterre recourût à la paix d'une façon ou d'autre, et que, par conséquent, je crois qu'il n'y a point de faute de ma part, quand j'avais dit que je me prêtais aux vues de l'Angleterre. Mais je vous le répète encore que vous ne devez point chicaner dans ceci sur les termes.
Il y a, d'ailleurs, une autre expression dans l'article 3 de votre susdit extrait qui, au dire de M. Mitchell, doit avoir blessé la délicatesse des ministres, savoir que le roi d'Angleterre devait selon moi fournir en compensation d'un traité séparé entre la France et la Grande-Bretagne pour mon3 assistance toutes les troupes allemandes qui se trouvaient à l'armée alliée. Sur cela, il faut que je vous dise que ma dépêche du 3 de ce mois vous aura suffisamment expliqué que ce n'est point moi qui pense à prescrire à l'Angleterre le nombre des troupes allemandes que, sa paix particulière faite avec la France, elle me doive fournir, et que c'est plutôt des ministres anglais que j'attends encore la décision sur le nombre d'un corps de troupes allemandes que leur situation leur permettra de me fournir, le cas en question présupposé. La supputation des frais pour entretenir un pareil corps que j'ai fait joindre à ma lettre du 3, me justifiera sur ceci, et c'est par conséquent que j'attends encore avec empressement vos nouvelles sur le nombre des troupes de ce corps que les ministres auront déterminé là, afin de pouvoir m expliquer alors en conséquence. Il y aurait bien des choses à dire sur le terme de compensation, mais je passe cela ici, étant assuré que votre pénétration vous fournira assez de raisons pour justifier ce terme, mais qu'il vous soit dit encore une fois de ne point chicaner en ceci sur les expressions grammaticales.
1 Nr. 12608.
2 Vergl. S. 162. Anm. 2.
3 In der Vorlage: „son“ .