<288> le marquis d'Havrincour venait de communiquer au gouvernement de Suède, comme concerté et approuvé par tous les alliés de la cour de France et dont nous en aurions au plus tôt des nouvelles plus directes, je n'ai pas voulu hésiter de vous faire communication incessamment de la pièce telle que je l'ai reçue.

Afin de vous prévenir d'abord de mes intentions là-dessus et de gagner le temps qu'une communication préalable de la part de l'Angleterre demanderait, au cas qu'elle aura reçu directement cette déclaration, je suis bien aise de vous dire que, selon mon sentiment, cette déclaration ne sera point à refuser, mais qu'un congrès solennel, tel qu'on le propose à assembler à Augsburg, ne ferait que de traîner éternellement la négociation et la rendre aussi difficile qu'épineuse, que plutôt toute cette affaire devait être traitée seule entre l'Angleterre et la France, ce qui en rendrait le succès d'autant plus prompt et presqu'immanquable. Qu'il me paraît nécessaire, d'ailleurs, que le ministère anglais insiste, afin que la France doit envoyer son ambassadeur pour traiter à Londres. 11 est fort à présumer que celle-ci s'y prêtera, ce qui rendra alors la cour de Londres maîtresse de toute la négociation et qu'elle la saura diriger à son gré, au lieu que, si l'Angleterre condescend à ce que la négociation se traite principalement à Paris, la cour de Versailles en sera la maîtresse.

Que, quant à l'article de la suspension d'armes, et que tout reste en attendant en statu quo, je crois qu'il conviendra à toutes les parties intéressées de l'accepter.

Voilà mon sentiment que vous saurez déclarer aux ministres d'Angleterre dans le cas qu'ils vous en parlent. Vous devez même les en prévenir d'abord, en leur montrant la déclaration susdite in extenso, supposé qu'ils n'en eussent pas reçu encore des nouvelles, ce que cependant je ne présume pas.

Federic.

Borcke übersendet, Kopenhagen 20. März, „la copte d'un projet de déclaration ... que le marquis d'Havrincour vient de communiquer au gouvernement de Suède“ :

„Les dispositions à la paix très conformes aux sentiments de toutes les puissances belligérantes que les rois d'Angleterre et de Prusse ont marquées l'année passée, ayant éprouvé des difficultés qui en ont éloigné le succès, les cours de France, de Stockholm, de Vienne, de Pétersbourg et de Varsovie sont convenues unanimement de proposer à celles de Londres et de Berlin de renouer une négociation aussi salutaire au bonheur du monde, et qui doit intéresser l'humanité de toutes les puissances qui se trouvent en guerre.

Il y a deux moyens de procéder au rétablissement de la paix. Le premier en assemblant un congrès dans une ville neutre et à portée de toutes les parties intéressées. Si le roi d'Angleterre et le roi de Prusse adoptent ce moyen, Sa Majesté Très-Chrétienne, le roi de Suède, l'Impératrice-Reine, l'impératrice de Russie et le roi de Pologne, électeur de Saxe, proposent la ville d'Augsburg pour le lieu du congrès, en observant que Leurs Majestés n'indiquent Augsburg que comme une ville qui paraît remplir par son emplacement la convenance de tous les États, et qu'Elles ne se refuseront pas au choix d'une autre ville, si Sa Majesté Britannique et Sa Majesté le roi de Prusse le jugent convenable. Sa Majesté Très-Chrétienne, le roi de