12654. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.
Leipzig, 30 janvier 1761.
Je ne saurais m'empêcher d'approuver votre disposition que vous m'avez communiquée par votre lettre du 28 de ce mois;207-2 elle est telle que les plus grands généraux, comme Eugène, Turenne et d'autres, n'en sauraient mieux faire. Si vos nouvelles de l'ennemi que vous dites, sont certaines, le reste de votre projet me paraît presque immanquable; et s'il manque, il ne saurait être que par une mauvaise exécution ou par les caprices de la Fortune, desquels ni vous ni personne ne peut répondre.
Vous me parlez de vos bataillons et de leur faiblesse. Je ne crois certainement pas que ceux des Français valent mieux, et pour vous donner une idée des miens, il faut que vous sachiez que j'ai bien de la peine à composer 500 hommes de 2 bataillons. Cela ne m'empêche pas, à moins que les choses ne changent pas de face, que j'envoie 3 bataillons de grenadiers, 2 bataillons francs et 15 ou 20 escadrons de cavalerie en avant aux environs d'Eisenach,207-3 pour couvrir le dos aux troupes que vous faites passer à Eschwege, et à contenir les troupes des Cercles, au cas quelles voulurent se remuer. Mais je vous prie fort de ne pas différer d'un jour votre expédition, car celui qui est en mouvement, a toujours plus d'avantage que l'autre.
<208>Si la Fortune ne nous assiste pas, mon cher, dans ce beau et admirable projet, il faut que nous nous mettrons à la lapider, car elle le mériterait. Jamais rien de mieux conçu ni de plus judicieux, pourvu que vous ne traîniez pas son exécution, et que le gazetier de Hanovre n'imprime pas continuellement qu'on verra bientôt un grand évènement, et telles phrases qui découvrent aux ennemis à quoi ils doivent être attentifs.
Federic.
Nach dem Concept. Der in der Ausfertigung eigenhändige Zusatz ( „Si la Fortune etc.“ ) nach Abschrift der Cabinetskanzlei.
207-2 Der Prinz beabsichtigte, den Marschall Broglie von dem Main und der Werra abzuschneiden und zu diesem Zweck gleichzeitig in Hessen und in Thüringen offensiv vorzugehen. Ueber den Inhalt des Schreibens des Prinzen vergl. im übrigen Nr. 12658.
207-3 Dem General von Schenckendorff schreibt der König, Leipzig 31. Januar: „Mit denen Bewegungen derer Franzosen von Gotha und Eisenach wird es so leichte nichts zu sagen haben, denn Ich 3 Grenadierbataillons, so von Torgau kommen, nebst denen beiden Kürassierregimenter Prinz Friedrich und Carabiniers vorrücken lassen und Ich daher bald vermuthe, Nachricht zu haben, dass obgedachte feindliche Leute sich zurückziehen werden.“ [Berlin. Generalstabsarchiv.]