12671. AU MINISTRE DE LA GRANDE-BRETAGNE MITCHELL A LEIPZIG.
Leipzig, 12 février 1761.
Je vous suis bien obligé, Monsieur, de la communication confidente que vous m'avez faite de la lettre écrite à M. Holdernesse par le sieur Keith,219-3 laquelle j'ai lue et relue avec toute l'attention que son contenu mérite.
J'estime qu'il y aura moyen de tirer profit de ce qui est échappé de dire au chambellan de Schuwalow au sujet de quelque acquisition de la Russie à faire du côté du Dnieper, si M. Keith se prît bien pour insinuer au sieur Schuwalow que, s'il tenait au cœur de la cour de Russie de faire ces acquisitions-là, elle y parviendrait plutôt au moyen d'un accommodement avec moi que par les Autrichiens, et plutôt par une paix particulière que [par] une pacification générale, où une proposition pareille ne ferait guère fortune.
Je crois que, pourvu que le sieur Keith appuie ce sujet avec toute l'adresse dont il est capable, cela pourrait bien mener la cour de Pétersbourg à se séparer de ses alliés présents, ou la ralentir au moins dans ses opérations.
Je pense qu'au reste il ne coûtera pas à M. Keith d'ôter le mécontentement que le sieur Schuwalow a paru vouloir marquer sur le mémoire publié au sujet des excès commis à Berlin et alentour à l'occasion de la dernière invasion des troupes ennemies,219-4 par lui expliquer que ce n'étaient nullement les troupes régulières de Russie qu'on en accusait et dont, au contraire, on avait lieu de se louer du bon ordre qu'elles avaient observé, mais bien quelques troupes légères des cosaques qui avaient poussé leurs désordres à ce point, et qu'au surplus, il ne fallait pas défendre aux gens de crier, quand on leur coupait la gorge.
Federic.
Nach dem Concept.
<220>219-3 D. d. Petersburg 20. Januar.
219-4 Vergl. Nr. 12441.