12730. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.
Leipzig, 11 mars 1761.
La lettre que Votre Altesse m'a écrite du 8 de ce mois, m'a été rendue; laquelle ayant été lue par moi avec l'attention requise, tout comme la copie de celle du comte de la Lippe262-2 que vous avez bien voulu y joindre, je crois ne pouvoir pas me dispenser de dire, avec cette ouverture de cœur que je vous dois naturellement, que l'accident arrivé au comte de la Lippe262-3 lui est venu de ce qu'il a commencé le siège, sans avoir assemblé toute son artillerie et ses munitions, et qu'il a commencé à tirer sur la ville avec 6 pièces et 4 mortiers, ce qui vaut autant que rien; et il lui aurait fallu assembler au moins 60 pièces de grosse artillerie avec 16 mortiers et avoir préparé toutes ses batteries, avant que de commencer son feu sur la place, et alors tout aurait été décidé bien vitement. Il faut que je remarque, d'ailleurs, que toutes fois que les bataillons en faction dans les tranchées sont attaqués par l'ennemi en force, ils en sont ordinairement chassés; ainsi vous ferez bien d'ordonner au comte de la Lippe que, dans le cas de pareille sortie, il doit assembler d'abord les bataillons qui sont aux tranchées, pour donner tout droit, secondés et soutenus par la cavalerie, sur l'ennemi et le pousser vivement. Voilà le seul moyen convenable que je connais contre de pareilles sorties, et qui ne manque guère, comme<263> l'expérience me l'a appris au siège d'Olmütz,263-1 savoir de marcher d'abord avec ces bataillons tout droit à l'ennemi.
Quant au corps de Syburg, vous pouvez croire, cher Prince, que, si je n'avais point d'ennemis vis-à-vis de moi à Rudelstadt, le long des montagnes de Bohême, autour de Dresde et aux environs de la Lusace, je vous enverrais incessamment le général Syburg avec tout son corps; mais comme à présent tout est en mouvement de l'ennemi, vous conviendrez qu'il m'est actuellement impossible de faire marcher Syburg à Vacha, où, à vous l'avouer naturellement, je ne vois d'ailleurs de quelle utilité il vous serait là. C'est aussi par la considération susdite que, d'abord et dès le commencement de votre expédition, je vous ai écrit que, pour La263-2 soutenir de ma part, je ne saurais faire marcher Syburg plus avant que jusqu'à Eisenach, dont je me suis aussi fidèlement acquitté.
Voilà encore, dans ce moment, que j'apprends que les Autrichiens vont assembler un corps de 7 régiments auprès de Stolpen, et que les troupes de l'Empire poussent en force vers Rudelstadt et Neustadt.263-3 Je me réfère, au surplus, à ce que je vous ai marqué par ma lettre d'hier.263-4
Nous sommes en pleine guerre avec messieurs les Cercles.
Federic.
Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin. Der Zusatz eigenhändig.
262-2 Liegt nicht bei.
262-3 Die Franzosen hatten am 7. März bei einem Ausfall aus Cassel die Belagerungswerke zerstört.
263-1 Vergl. Bd. XVII, 470. 471.
263-2 So; zu beziehen auf ein als vorangehend gedachtes „Votre Altesse“ .
263-3 Vergl. S. 265.
263-4 Nr. 12728.