13121. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.582-1
Oppersdorf, 3 août 1761.
Je suppose que vous serez inquiet de tout ce qui se passe ici en Silésie; je m'empresse de vous en donner des nouvelles. Vous saurez donc582-2 qu'après avoir surpris une avant-garde de Laudon le 22 à Münsterberg, nous avions pris, le 23, notre camp sur les hauteurs d'Ottmachau à Giesmannsdorf. Laudon, se trouvant dérangé par ceci dans ses projets, prit le camp de Pombsen.582-3 Souvenez-vous que son dessein était de se joindre avec les Russes à Oppeln, et les démonstrations de ceux-ci y répondaient parfaitement. Le général Knobloch campait, avec un détachement de 10 bataillons et 8 escadrons de hussards, à Brieg, le général Zieten campait auprès de Michelau avec 11 bataillons et 13 escadrons, d'où il poussait ses partis jusqu'à Oppeln et Krappitz. Le 29, Laudon détacha de Pömbsen le général de Draskowich avec 5 bataillons et 10 escadrons de dragons et quelques hussards pour se joindre à<583> Bethlen, qui était campé à Neustadt, et le même jour Laudon se retira de son camp de Pombsen à Baumgarten, du côté de Frankenstein. Sur cela, je passai la Neisse avec toute l'armée, et je pris mon camp à Oppersdorf et Schnellewalde, et le général Zieten marcha sur Steinau, Knobloch le suivit sur le pied. C'était le 30 que je fis un détachement de la gauche de l'armée que je poussais à Neustadt, où je battis la cavalerie de Draskowich et la chassais jusqu'à Jægerndorf.583-1 Le général Zieten me joignit le même jour. Le lendemain, je retournais au camp d'Oppersdorf. Le camp de Laudon était à Weidenau et Hennersdorf; il avait poussé un avant-poste sur Steinberg. Je me bornais de couvrir la Biela par des détachements. J'ai poussé aujourd'hui un corps du général Zieten jusqu'à Jaegerndorf. Ils ont chassé Draskowich jusqu'à Hof et ont fait 100 prisonniers, tant infanterie, dragons que hussards. Un petit corps autrichien qui a été à Ratibor, s'est retiré jusqu'à Oderberg.
L'armée russe est encore à Namslau. Mes hussards ont balayé tous les côtes de l'Oder depuis Oppeln et Krappitz des Russes. Ceux-ci ont un détachement à Oppeln qui a le pied levé et qui se repliera incessamment sur leur armée qui est à Namslau. J'ai poussé un détachement à Troppau583-2 pour donner de l'alarme à la Moravie. Laudon a quitté aujourd'hui tous les postes qu'il avait vis-à-vis de moi, et s'est retiré entre Johannesberg et Weisswasser,583-3 de sorte que [je] puis vous annoncer avec certitude que le projet des Autrichiens et des Russes sur la Haute-Silésie est totalement manqué. Si Laudon repasse la Neisse, je la repasserai aussi. Je ne crois pas que cette campagne sera fort sanglante, et je me persuade de pouvoir rompre plus facilement les projets des ennemis qu'ils peuvent avoir pour la Basse-Silésie. Le résultat de toutes leurs manœuvres sera que les Russes, voyant qu'ils ne peuvent rien effectuer dans la Silésie, iront se tourner vers la Nouvelle-Marche et vers la Poméranie. Ce sera leur pis aller, et je calcule qu'ils s'y détermineront vers le milieu ou vers la fin d'août. J'y ai déjà prévu, et je compte que, sans autre secours, je les empêcherai absolument de pouvoir rien entreprendre avec leur armée, soit du côté de la Nouvelle-Marche ou de la Poméranie. J'en excepte seulement les incursions des cosaques, dont vous comprenez vous-même que leur multitude et leur légèreté empêche de pouvoir en garantir tous les villages. Dès qu'une nouvelle scène s'ouvrira ou qu'il se passera quelque chose de plus intéressant, je ne manquerai pas de vous en avertir. Cependant, je crois pouvoir vous assurer à présent que vous pouvez être tranquille sur les nouvelles que vous recevrez de ce côté-ci, parceque les coups<584> les plus dangereux sont parés, que Laudon est un très mauvais général et qu'à moins que Daun avec son armée ne vienne en Silésie, je ne prévois point qu'il y ait aucun danger à craindre. Je vous avoue qu'aux premiers aspects je me suis représenté ma tâche bien plus difficile que je l'ai trouvée; je dois dormir tranquillement de tout ce qu'il me reste. Toute cette expédition ne m'a coûté que 2 hussards et 6 hommes des bataillons francs tués, sans aucun officier pendant cette campagne-ci.584-1
Federic.
Nach der Ausfertigung.
582-1 Prinz Heinrich befand sich nach seinen Berichten im August in Schlettau (südwestl. von Meissen).
582-2 Aehnlich wie im folgenden werden am 3. August dem General Tauentzien Mittheilungen über die Operationen des Königs gemacht, mit dem Befehl, dem Minister von Schlabrendorff „getreuliche Communication davon zu thun“ , sowie darüber an Zastrow und Lichnowsky zu schreiben. „Ich stehe hier noch bei Oppersdorf und der General Zieten bei Neustadt. Ich habe heute den General Knobloch nach Brieg detachiret, weil die Russen dorten zu sehr anprellen. So viel ist gewiss, dass Ich in Oberschlesien die Sachen ziemlich klar gemachet; Ich zweifele nicht, dass, wenn der Feind siehet, dass er mit allen seinen Anschlägen hier nichts gewonnen, sie eine neue Tentative auf Niederschlesien werden thun wollen. Ich werde aber attent auf ihn sein und habe schon Meine Mesures darauf genommen, dass Ich hoffe, es soll auch da nichts zu sagen haben. Seid nur Eures Ortes beständig vigilant und haltet Eure unterhabende Garnison in rigoureuser Ordnung und Disciplin; die dasige Kriegesgefangene haltet sehr kurz und scharf. Berichtet Mir aber recht fleissig alles, was Eurer Orten wegen des Feindes passiret, damit Ich in Zeiten Meine Vorkehrung dagegen machen könne; in jetzigen Umständen müsset Ihr sehr allert und ohnermüdet sein.“ — Dem General Zastrow wird am 3. August mitgetheilt, Tauentzien habe Befehl, ihm „das ganze Detail zu schreiben von dem, so seit dem 22. voriges allhier bis heute passiret ist“ . Zastrow solle „sehr vigilant gegen alle feindliche Unternehmungen seind“ ; der König hoffe, „dass Eure unterhabende Garnison die der Orten vagirende 2 Bataillons Panduren so in Ordnung und Respect halten [werde], dass selbige keine Excesse, Raubereien noch Ausschweifungen . . machen können“ .
582-3 D. i. Pomsdorf (vergl. S. 551); so auch in dem Schreiben an Tauentzien.
583-1 An Tauentzien: „bis hinter Jägerndorf jagte, dabei wieder an 200 Gefangene gemachet wurden, und Draskowich seine mehriste Bagage, sowie seine eigene, verlor“ .
583-2 An Tauentzien: „Der General Zieten hat ein Detachement bis Troppau vorpoussiret.“
583-3 An Tauentzien folgt: „und heute hat derselbe sich zwischen Patschkau und Reichenstein campiret“ .
584-1 Ein fast gleichlautendes Schreiben ergeht am 3. August an Finckenstein.