13162. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Bunzelwitz, 11 septembre 1761.

Depuis le 28 d'août, nous n'avons point eu de nouvelles de ce qui se passe en Europe. On débite, dans l'armée autrichienne, que le prince Ferdinand de Brunswick a battu les Français et les a poursuivis jusqu'aux confins de la Hesse. Les déserteurs autrichiens disent que Lacy a voulu se mettre en marche vers la Silésie et que vous l'aviez attaqué entre Bautzen et Gœrlitz; que Lacy avait été battu avec perte de 5 canons. Je souhaite plus que cela soit vrai que je n'y ajoute foi encore.

Le lieutenant-général de Platen passera demain l'Oder avec un Detachement, et je me flatte que son expédition obligera promptement les Russes à repasser l'Oder. Leur arrière-garde est arrivée hier à Jauer et leur avant-garde à Wahlstatt. Les officiers russes prisonniers ont assuré comme une chose positive que Rumänzow s'était retiré des environs de Colberg et que leur flotte s'en retournait dans ses ports. Je souhaite de tout mon cœur que ces bonnes nouvelles soient vraies.

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Les Russes et les Autrichiens, qui campaient à 4000 pas de mon armée, ont voulu m'attaquer le 1er de septembre. A 1 heure du matin, les troupes ont été sous les armes; à 3 heures, elles ont reçu ordre de rentrer dans leurs tentes. Je ne saurais vous dire pourquoi et comment cela s'est fait. J'attends ici dans mon camp des nouvelles des Russes, et, avant que leur dessein ne nous soit bien éclairci, je ne quitterai point ce poste; après quoi je prendrai mes mesures, selon que je les jugerai conformes aux évènements. Cependant, vous ne devez pas vous attendre à de grands évènements de ce côté-ci, et je compte, sur la fin d'octobre ou le commencement de novembre, de ramener les troupes hiverner en Saxe, parceque le pays ici est trop ruiné pour fournir à la subsistance des troupes pendant l'hiver et aux magasins pour les nourrir la campagne qui suit.

Federic.

Nach der Ausfertigung.