<15>des ordres de sa Souveraine,1 me confirme de plus en plus que, tant que cet homme sera dans le poste où il est, il n'oubliera rien pour altérer la bonne harmonie qui règne entre moi et Sa Majesté Impériale, et qu'il me fera mille algarades, ne fût-ce que pour complaire au parti auquel il s'est dévoué ou plutôt vendu, dût-il coûter la gloire ou peut-être quelque chose de plus à l'Impératrice sa maîtresse. C'est pour cela que je ne saurais vous réitérer assez qu'avant que cet homme ne soit mis hors d'état de pouvoir nuire tant aux intérêts de l'Impératrice qu'aux miens, je ne saurais jamais tabler sur l'amitié et une parfaite intelligence avec l'Impératrice. J'attends avec impatience que vous me Tnandiez la véritable raison de l'indulgence extraordinaire que l'Impératrice a pour un ministre qui agit la plupart contre ses intentions. Plus le sieur de Holstein aura de sommes avec lui, plus je crains pour l'Impératrice, qui sera obligée ou de plier devant le parti danois et anglais ou d'essuyer de nouvelles conspirations contre elle. Le peu d'empressement que la cour de Copenhague témoigne d'accommoder à l'amiable ses différends avec la Suède, nonobstant que celle-ci se montre si facile en tout, me fait juger que la cour de Danemark ne cherche qu'amuser le tapis dans l'attente de quelque révolution en Russie qui favorisera ses vues. Et comme le lord Tyrawley est actuellement parti d'Angleterre, je crains fort que lui et le sieur Holstein ne travaillent d'accord pour tramer des choses qui pourront à la fin devenir très funestes à l'Impératrice, ou très préjudiciables tant à mes intérêts qu'à ceux de la maison de Holstein. Ainsi mon intention est que vous devez tâcher d'insinuer soit à l'Impératrice soit à ses véritables serviteurs que, quoique je ne savais rien de certain des trames que le parti danois ou anglais pourrait intriguer contre Sa Majesté Impériale, néanmoins j'en étais moralement tout assuré, et qu'il serait très nécessaire qu'à l'arrivée de ces deux susdits ministres -on faisait bien observer ceux qui les fréquenteraient, et leurs menées.
N'ayant point eu de vos nouvelles sur la séparation de la famille infortunée, j'en attends avec impatience, pour savoir au juste ce qu'il en a été, et je ne saurais nullement m'imaginer que Sa Majesté Impériale eût laissé en arrière un point si essentiel, dont peut-être sa vie et son règne dépendra.
Federic.
Nach dem Concept.
1320. A L'IMPÉRATRICE DE TOUTES LES RUSSIES.2
Berlin, 25 janvier 1744.
Madame. Le tendre attachement, le dévouement personnel et les liens dans lesquels je me trouve engagé avec Votre Majesté Impériale
1 Vergl. Bd. II S. 491.
2 Vergl. Nr. 1322.