<19>convenable. J'attends vos réponses sur tout ceci avec quelque impatience, et vous ne manquerez point de me les faire si détaillées qu'il sera possible, vos relations ne m'étant jamais ni ennuyantes ni trop longues ; au contraire, je souhaite fort que vous entriez chaque fois dans tout le détail possible.
P. S. 1.
Berlin, 25 janvier 1744.
Lorsque vous aurez reçu la lettre ci-close que je viens d'écrire de ma propre main à Sa Majesté Impériale, vous devez tâcher d'avoir une audience secrète auprès d'elle, où, après lui avoir présenté ma lettre avec un compliment convenable, et, après qu'elle vous demandera des explications là-dessus, vous lui direz en mon nom, de la manière la plus polie, mais en même temps la plus énergique et la plus touchante, que Sa Majesté Impériale se souviendrait quel intérêt j'avais pris pour elle et pour son règne glorieux, depuis son avènement au trône ; que, depuis la conspiration que le marquis de Botta avait tramée contre elle, je lui avais toujours conseillé de prendre ses précautions touchant la famille infortunée à Riga et de tâcher de la séparer et de l'éloigner, étant certain à n'en pouvoir douter que cette famille a encore son parti en Russie, comme on en avait eu des indices assez clairs dans l'inquisition qu'il y avait eu dans l'affaire de Botta; que les grâces et les bienfaits qu'on faisait à de certaines gens n'étaient pas toujours des garants assez forts pour être sûr de leur fidélité, quand d'autres s'en mêlaient, en faisant sous main des intrigues malicieuses, capables de mettre en mouvement un peuple remuant et qui aime la nouveauté; que les Danois, les Anglais, les Autrichiens et même les Saxons ne pouvaient que souhaiter une révolution en Russie pour parvenir aux vues différentes qu'ils ont, et qu'ils n'attendaient qu'à voir l'Impératrice hors du trône pour y placer le jeune prince Iwan, afin de disposer alors de la Russie à leur gré; que ce Prince était le seul objet par qui ils pouvaient nuire à l'Impératrice, qui pourtant serait ôté, d'abord que l'Impératrice prendrait des mesures convenables pour envoyer ce Prince à la cachette quelque part, de la manière que tout le monde hormis l'Impératrice ignorât ce qu'il était devenu, et de séparer en même temps ses parents; que c'était alors que l'Impératrice n'aurait plus rien à craindre et qu'elle assurerait par là son trône et la succession du Grand-Duc, à qui on ne pourrait plus opposer personne; que, si l'Impératrice allait à Moscou sans avoir pris préalablement ces mesures, il y avait fort à craindre que ses ennemis ne se servissent de son éloignement pour parvenir à leurs fins, et qu'elle risquait infiniment tant pour son trône que pour sa vie ; que je la priais au nom de Dieu d'y penser mûrement et d'avoir soin de sa conservation, de même que de ne se fier plus à des ministres dont elle avait tant de marques de leur infidélité. L'amitié et l'estime que j'ai pour elle, de même, et aussi mon propre intérêt demandaient absolument que je lui faisais faire ces représentations, et que je me flattais qu'elle y voudrait