1485. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A LILLE.
Potsdam, 29 juin 1744.
Si je ne vous ai point fait, depuis quelque temps, de réponse sur les relations que vous m'avez faites, ce n'a été que crainte que mes dépêches ne fussent interceptées et ne vous parvinssent point. Pourtant, les vôtres, depuis le 4 jusqu'à celle du 18, me sont bien parvenues, et, par les raisons que vous me mandez dans celle du 18, j'espère que cela continuera.
Le comte de Rothenburg est arrivé à bon port et m'a bien remis tout ce qu'il a emporté de chez vous.1 Si le roi de France est content des nouvelles liaisons qu'il vient de contracter avec moi,2 je ne le suis pas moins, et je ne manquerai pas de vous envoyer les ratifications du traité, dont j'ai lieu d'être content.
Je vous envoie la présente par un courrier à qui j'ai ordonné de garder un parfait incognito et de ne dire à personne sa qualité; sur quoi vous vous règlerez aussi de votre part, et le laisserez partir de cette manière, quand vous lui aurez remis les dépêches que vous me ferez. Surtout, vous vous garderez bien de ne lui laisser rien entrevoir de tout ce que je traite avec la France.
Je vous adresse ci-joint la réponse que je viens de faire au Roi Très Chrétien, de même qu'une lettre au cardinal Tencin3 et une au maréchal de Noailles, à qui j'envoie des mémoires en chiffres dont vous saurez le contenu par les copies chiffrées ci-jointes, et dont vous ferez un usage convenable, Quant à celui coté sous A, je l'ai fait par la raison que le comte de Rothenburg m'a dit qu'on était assez mal informé à la cour de France des affaires de Russie, et qu'on croyait que je n'avais qu'à parler pour avoir de celle-ci tout ce que je désirais. J'ai fait cet exposé d'une manière très sincère, et vous pouvez compter que c'est un tableau d'après nature, de la manière que, si le maréchal de Noailles ou même le roi de France doutaient des particularités qui y sont exposées, vous pouvez leur déclarer en mon nom que j'étais prêt alors de faire lire à une personne de confidence et du secret toutes les relations que j'avais reçues de mon ministre en Russie et les réponses que je lui avais faites.
Comme ce mémoire contient pourtant plusieurs faits qu'il faut absolument ménager, dans la circonstance où je suis, vous ne manquerez pas de recommander au maréchal de Noailles un secret impénétrable là-dessus, en lui insinuant que ce n'était qu'à cette condition que je lui avais envoyé ce mémoire, qu'il n'en fît voir ou entendre la moindre chose à âme qui vive, sinon au Roi son maître seul, à qui je n'ai et n'aurai rien à cacher, et que je veux convaincre de ma sincérité sur tout ce qui a du rapport à nos intérêts communs.
Federic.
Nach dem Concept.
1 Das Vertragsinstrument vom 5. Juni.
2 Vergl. unten Nr. 1495, S. 202.
3 Der Brief an Tencin betrifft eine kirchliche Angelegenheit Schlesiens.