<215>dit mois, avec vos relations ordinaires, depuis N° 48 jusqu'à 51 inclusivement.
Quant à l'affaire du marquis de La Chétardie, je me suis déjà expliqué sur mes sentiments là-dessus par les rescrits qui vous ont été expédiés du département des affaires étrangères; à quoi je n'ai rien à ajouter, sinon que je suis bien aise que vous n'ayez pas été enveloppé dans cette malheureuse affaire, et quoique je plaigne vos amis que l'imprudence du marquis de La Chétardie, en ce qu'il a confié des relations de la dernière importance à la poste ordinaire, a extrêmement commis, je suis pourtant charmé d'apprendre que cela n'a guère eu de suites, quoique je ne doute pas que l'Impératrice ne conserve contre l'un ou l'autre quelque amertume de cœur, et surtout contre la princesse mère d'Anhalt-Zerbst.
Pour le peu de soin que l'Impératrice continue de prendre à sa conservation, je ne blâme point la précaution que vous avez prise de brûler vos papiers, en apprenant l'arrêt du marquis de La Chétardie; s'il y en a pourtant quelques-uns dont vous pourriez avoir besoin, vous n'avez qu'à me les indiquer, et j'aurai soin qu'on vous en envoie des copies. Comme je vous envoie par le courrier présent le projet du traité de triple alliance, je joins ici l'extrait d'une lettre que je vous ai écrite sur ce sujet en date du 3 de mai de cette année.
Quoique je ne croie nullement fondé le bruit qui. a couru qu'on ait trouvé la clef de votre chiffre, néanmoins, pour n'avoir rien à craindre, je vous envoie ci-clos un nouveau chiffre, dont vous vous servirez à l'avenir. Il est faux qu'on ait demandé votre rappel par un courrier envoyé ici, et je ne comprends pas quelles insinuations la cour de Vienne aurait pu faire contre vous; toutefois vous tâcherez de vous en éclaircir, et, s'il y en a quelque chose de vrai, m'en donner bientôt des nouvelles.
Je vous ai déjà fait avertir du départ du ministre de la reine de Hongrie, le comte de Rosenberg, d'ici vers Moscou; comme c'est un homme fin et rusé, et qu'il n'y a pas à douter qu'il se liera fort avec les ministres anglais et saxon, pour me nuire et pour attirer l'Impératrice dans leur parti, vous ne manquerez point de redoubler votre attention et tout votre savoir-faire, pour les contrecarrer et faire échouer tous leurs desseins pernicieux. Quant aux sommes que je vous ai confiées pour en faire l'usage convenable à mes intérêts et mes desseins, vous en disposerez librement comme vous le trouverez à propos; aussi, comme l'heure du berger paraît passée sur le dessein de ruiner le vicechancelier Bestushew dans l'esprit de sa souveraine, je laisse à votre considération s'il est possible de gagner pour moi le vice-chancelier Bestushew, par les moyens que je vous ai indiqués dans ma lettre du 4 du juin passé, et, en cas que vous le croyez faisable, je laisse purement à votre discrétion quand et comment vous vous y prendrez. Enfin, vous ferez tout ce que vous trouverez convenable de faire, pourvu que