<305>2° Que, selon le résultat du conseil, les soixante bataillons et cent escadrons qu'on a destinés à marcher vers la Westphalie et le pays d'Hanovre, soient mis en marche le plus tôt possible, pour que le roi d'Angleterre, voyant fondre l'orage de ce côté-là, commence à devenir plus traitable; il y aura d'autant moins à craindre pour ces troupes que d'un côté elles seront couvertes par Wésel et Gueldre; et de l'autre, je ne manquerai point, aussitôt que j'aurai appris leur arrivée dans ces pays, d'assembler un corps de mes troupes dans le pays de Magdebourg et Halberstadt, pour faire craindre aux Hanovriens et en même temps aux Saxons. Vous recommanderez fortement ces deux articles à Sa Majesté Très Chrétienne, à qui je viens d'écrire la lettre ci-close, que je vous adresse à cachet volant. Je compte d'autant plus sur ces manœuvres, que ayant débarrassé de bien bon cœur Sa Majesté Très Chrétienne de ses ennemis en Alsace, elle ne voudra pas m'abandonner à une trop grande multitude d'ennemis, comme sont les Autrichiens en Bohême après la jonction des Saxons.
Il y a encore un article, assez important pour que Sa Majesté y dût faire réflexion. C'est que, l'Empereur étant sur le point de partir pour son armée, et vu qu'on sait d'avance que lui et son maréchal Törring n'y feront rien qui vaille, il sera nécessaire que, pour augmenter la considération de la cour de l'Empereur et concilier les différents avis et arrangements qui doivent se faire dans l'Empire pour la cause commune, et surtout pour diriger l'Empereur qu'il ne fasse pas, par le conseil de Törring, de faux-pas dans les opérations militaires, Sa Majesté Très Chrétienne résolût d'y envoyer un homme de considération et d'un génie supérieur, pour faire aller l'Empereur comme il faut et l'empêcher de faire ce qui ne doit pas l'être; comme aussi pour se porter en personne là où sa présence pourra être nécessaire. Et, comme il n'y a que le maréchal de Belle-Isle qui pourra remplir cet objet, j'espère que Sa Majesté voudra bien lui donner cette commission. Vous ne manquerez pas d'insinuer tout cela d'une manière convenable au Roi, et je vous permets même de faire la lecture de tout ceci à Sa Majesté, si vous le croyez convenable. Il serait, de même, à souhaiter qu'on mît dans le conseil de Sa Majesté encore un militaire à qui je pusse avoir la même confiance qu'au maréchal de Noailles, puisque celui-ci, étant chargé de tant d'affaires, a peut-être de la peine à y suffire, et qu'outre cela on vous adressât un ministre à qui vous et Chambrier pussiez parler de mes affaires, pour qu'il en fit son rapport au Roi. Mais, comme cela touche les affaires domestiques de Sa Majesté, je ne m'en mêle pas, me fondant du reste sur l'amitié de Sa Majesté vers son plus fidèle allié. Vous aurez assurément déjà reçu mes dépêches, par lesquelles je vous ai fait savoir mes intentions sur la proposition touchant le roi de Sardaigne. Si la république de Gênes offre un corps de troupes, je suis d'avis qu'on ne le refuse pas, sous l'espérance peut-être vaine de gagner le roi de Sardaigne, afin de ne donner dans la