<319>les entreprises que vous faites pour la bonne cause de Sa Majesté Impériale:
Comme vous désirez d'avoir de mes nouvelles sur ce qui s'est passé ici par rapport à mes opérations, je vais vous satisfaire par le petit, mais sincère et véritable détail qui va suivre. Lorsque j'avais pris Budweis et Tabor,1 je pris la résolution de passer la Moldau à Tein,2 dans le dessein d'attaquer le prince Charles, qui, selon les nouvelles que j'avais alors, devait camper avec son armée auprès de Wodnian; mais, lorsque je fus arrivé vers les environs de Wodnian, j'appris qu'il campait auprès de Mirotitz, qu'il faisait construire six ponts sur la Moldau, et que le corps de l'armée saxonne qui était entré en Bohême, menant toute son artillerie avec soi, marchait vers Prague; sur quoi, je trouvai nécessaire de repasser la Moldau à Tein.3 Deux bataillons de grenadiers, soutenus de deux régiments de hussards, firent alors l'arrièregarde, laquelle fut attaquée à Tein4 par 4,000 Croates et Pandoures, outre 3,000 hussards et quelques dragons, commandés par Nadasdy, Ghillanyi, Trenck, et autres. Ils tombèrent avec fureur sur nos gens, tâchant de les accabler par leur nombre, mais tous leurs efforts furent inutiles, et nos hussards taillèrent jusqu'à 600 Croates et Pandoures en pièces et firent un capitaine, deux lieutenants et trente huit hussards prisonniers, sans qu'il nous coûta que dix grenadiers, quarante hussards, et environ cent hommes de blessés.
Deux choses m'obligeaient alors de me rapprocher de Prague: 1° puisque je n'avais que 6 bataillons dans Prague ; 2° qu'en partant de mon pays, je n'avais pris que pour un mois de la farine pour mon armée, et qu'il nous avait été impossible d'assembler ni farine ni la moindre chose nécessaire à la subsistance de l'armée ni à Tabor ni à Budweis, par rapport à la multitude de troupes légères qui nous empêchaient de faire entrer dans notre camp jusqu'à la moindre chose. Comme je n'avais pas eu le temps de faire entrer assez de munition dans Budweis, et Tabor, et que les Autrichiens n'y en avaient guère laissé, j'aurais déjà évacué alors ces deux places, si je n'avais pas eu dans l'idée que le prince Charles, en passant la Moldau, ne pouvait avoir autre dessein, que de venir me combattre. Je fus informé bientôt que le prince Charles avait détaché une avant-garde de 10,000 hommes vers Beneschau, ce qui fit que je détachais un corps semblable, qui gagna aussi Beneschau, quelques heures devant les ennemis ;5 sur quoi, le prince Charles marcha du côté de Marschowitz. Je conçus alors le dessein d'engager une affaire avec lui, et, en conséquence de cela, je marchai vers Marschowitz,6 mais j'y trouvai toute l'armée ennemie postée sur une montagne, la moitié dans un bois, ayant au pied de la montagne un fond marécageux, et sur la gauche du côté de Neweklau trois grands lacs, ainsi qu'il ne
1 Vergl. oben S. 297.
2 4. October.
3 8. October.
4 9. October.
5 17. October.
6 24. October.