<351>tion, j'appris1 que le prince Charles avait décampé, qu'il se portait vers Rattay, et que son dessein était d'occuper le camp de Jannowitz, Si j'avais pu, dans cette conjoncture, gagner le camp de Kuttenberg avant le prince Charles, je suis d'opinion que j'aurais pu me soutenir en Bohême, ou, du moins, en conserver une partie. Je voulus faire marcher incessamment l'armée, mais il n'y avait pas de pain; le convoi devait arriver le lendemain. Perdre deux jours dans un cas si pressant, c'était perdre Pardubitz et ma communication avec la Silésie, la seule qui me Testait, depuis que les Saxons avaient barré leurs frontières. Dans cet embarras, je me résolus de marcher avec l'aile gauche de l'armée à Schwarz-Kosteletz et de laisser le prince Léopold avec l'aile droite pour amener le convoi des vivres. J'arrivai le . . de . . .2 au camp. Le lendemain, lorsque j'allai me mettre en marche, pour me poster sur Kaurzim, il me vint deux cuirassiers, déserteurs des Autrichiens, qui déposèrent que toute leur armée était à Jannowitz. Dans ce cas, j'aurais fait une manœuvre dangereuse, si j'avais poursuivi le chemin de Kaurzim, principalement n'ayant aucune nouvelle du général Nassau, que je croyais à Pardubitz. Je me crus donc obligé de diriger ma marche sur Böhmischbrod, où je fus joint, le lendemain,3 par le prince Léopold et l'aile droite. Là, j'appris par un juif qui faisait le vivandier dans l'armée et qui venait de Kolin, que le général Nassau y était campé de l'autre côté de l'Elbe, ne se croyant pas sûr de celui de la Sazawa, vu la proximité de l'armée ennemie. J'appris d'un autre côté que les ennemis en voulaient à mon magasin de Pardubitz, où il n'y avait qu'un bataillon pour le défendre; cela m'engagea à y envoyer le général du Moulin, avec 6 bataillons que le général Nassau détacha. Tous ces postes de Bohême sont de nature qu'il leur faut des remparts de remblai pour les défendre. L'armée marcha le . .4 à Kaurzim, où notre aile droite se trouva fort près des ennemis, séparée seulement par des bois et des marais. Le lendemain, nous marchâmes à Gross-Gbell, ce qui nous approchait de Kolin et nous mettait en passe de gagner, le lendemain, le camp de Kuttenberg. Mais les Autrichiens, s'apercevant de notre dessein, et ayant encore un demi-mille d'avance sur nous, forcèrent leur marche et gagnèrent la hauteur avant nous. Je laissai exprès le général Nassau à Kolin dans l'espérance que ce détachement donnerait aux ennemis la hardiesse de m'attaquer, ou les induirait peut-être à prendre des camps moins forts que ceux qu'ils avaient été jusqu'alors fort soigneux de choisir. Mes espérances furent vaines, le maréchal de Traun ne fit aucun mouvement pour quitter ses montagnes, et il me fut impossible de l'y forcer. Pendant que M. de Traun était sur la cime de ses rochers, Nadasdy se mettait toujours à portée d'observer notre droite, et Ghillanyi notre gauche. Pour faire un fourrage, la moitié de l'infanterie était obligée de le protéger, et l'espace étroit du



1 30. October.

2 31. October.

3 2. November.

4 3. November.