<352>camp ne nous fournissait pas, à beaucoup près, ce qu'il nous fallait pour le nécessaire. Il est toujours fâcheux pour une grande armée d'être à l'étroit, mais cette situation était susceptible de remèdes: le nombre des dyssenteries qui augmentait considérablement dans l'armée, n'était pas de cette nature. Le soldat avait manqué d'eau de vie et de bière depuis la seconde marche que nous avions faite du côté de Tabor. La nécessité nous avait même obligés de lui fournir de la farine au lieu de pain. Cette mauvaise nourriture, en partie, et principalement les eaux bourbeuses des lacs et des étangs, jointes aux fatigues des marches continuelles que nous faisions — ajoutez à tout cela les nuits froides de l'arrière-saison — rendaient les trois quarts des fantassins malades, soit de fièvres malignes ou de dyssenteries. Toutes ces tristes circonstances faisaient envisager le cantonnement des troupes comme l'unique moyen de les conserver; ce fut cette circonstance qui m'obligea à passer l'Elbe le . .1 de novembre. Nous fîmes cette manœuvre-là avec tant de précaution que l'ennemi n'osa nous entamer, ou que: nous étions en état d'engager avec avantage une affaire générale.
Lorsque toute l'armée eut passé l'Elbe, jusqu'aux dix bataillons près que j'avais destinés à garder Kolin, il vint un corps de quelques mille Hongrois qui voulurent attaquer Kolin ;2 ils en perdirent promptement l'idée et se retirèrent tout de suite à un demi-mille de là. Lès postes de Kolin et de Pardubitz doivent être regardés comme les principaux qui se trouvent sur l'Elbe ; Pardubitz est important pour la communication de la Silésie, Kolin l'est pour celle de Prague, de Leitmeritz et de Nimburg, où étaient les magasins de l'armée. Il y avait encore d'autres avantages à tirer de ces deux postes, puisqu'ils empêchaient l'ennemi de pouvoir prendre des quartiers entre l'Elbe et la Sazawa, que, moyennant ces deux débouchés, leurs quartiers auraient été raflés tout autant de fois qu'ils auraient hasardé d'en prendre, soit à Kuttenberg, Czaslau, Chrudim etc. L'armée ennemie ne fit aucun mouvement pendant quelques jours et resta tranquillement sur les montagnes; ils attaquèrent encore une fois nos troupes à Kolin,3 mais ils y furent si mal reçus, qu'ils se retirèrent avec une perte de 600 hommes.
Mon armée était distribuée de façon que 10 bataillons et 10 escadrons étaient sous le général de Nassau à Kolin, 10 bataillons étaient sous les ordres du général du Moulin à Pardubitz, et l'armée, cantonnée en ordre de bataille, occupait le terrain qui se trouve entre Chlumetz, Bohdanetz et l'Elbe; des bataillons de grenadiers étaient postés le long de l'Elbe, de demi-mille en demi-mille; entre ces bataillons, il y avait de Pardubitz à Kolin 40 escadrons de hussards, pour faire les patrouilles le long de l'eau, observer la quantité étonnante de gués qui s'y trouvent, ensuite avoir un œil sur les mouvements de l'ennemi, et principalement avertir l'armée au moment qu'on s'apercevrait de quelques pré-
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