1350. A LA PRINCESSE RÉGNANTE D'ANHALT-ZERBST A MOSCOU.
Potsdam, 29 février 1744.
Madame ma Cousine. J'ai eu le plaisir de recevoir la lettre que vous m'avez écrite avant votre départ de Pétersbourg, et je dois vous remercier, Madame, de toutes les choses obligeantes que vous dites sur mon sujet; je me tiens si assuré de votre amitié qu'il ne me reste que de vous prier d'être persuadée de mon juste retour et que, par le tendre intérêt que je prends à ce qui regarde vous et votre famille, je ne manquerai point de faire tout au monde pour soutenir nos arrangements et pour acheminer à une issue heureuse ce que nous avons commencé. Il me tarde à présent d'avoir bientôt des nouvelles agréables de votre heureuse arrivée auprès de Sa Majesté Impériale ; et en faisant des voeux pour votre prospérité, je suis avec toute l'estime et toute l'amitié possible, Madame ma Cousine, votre très bon cousin
Federic.
Il ne me reste, Madame, que de vous prier de vaincre la répugnance de votre fille pour la religion grecque, après quoi vous aurez couronné votre œuvre, vous priant d'être persuadée que mes voeux vous accompagnent dans tous vos pas.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.
1351. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A MOSCOU.
Potsdam, 2 mars 1744.
Comme l'ambassadeur anglais, Tyrawley, sera apparemment déjà arrivé en Russie, et que je suis tout-à-fait persuadé que ses instructions ne sont autres que de détacher l'Impératrice tant de la France que surtout de moi, de raccrocher la reine de Hongrie avec l'Impératrice, et de faire une alliance entre les Puissances maritimes et la Russie, pour attirer celle-ci dans le parti de la reine de Hongrie, je n'ai pu me dispenser de vous recommander d'être bien attentif à toutes les démarches et négociations de cet ambassadeur ; et, bien que je me repose tout-à-fait: sur votre dextérité et savoir-faire, néanmoins je ne saurais assez vous recommander de redoubler votre attention à ce sujet, et de faire bien à propos tous vos efforts pour que cet Anglais ne réussisse dans ses vues.
Vous aurez à faire à une partie très forte, et comme cet ambassadeur, en passant par la Haye, a déjà sollicité des ordres auprès du grandpensionnaire et du greffier de Hollande, pour que leur résident en Russie, le sieur de Swaart, doive aller ne tout de concert avec lui, il n'y a nul lieu de douter que le parti autrichien, danois et saxon ne s'accrochera à lui et qu'on n'épargnera pas ni argent ni intrigues ni quoi que ce soit pour altérer la bonne harmonie qui règne à présent si heureuse-