<54>l'Empereur et de tout le système de l'Empire; c'est pourquoi je me suis donné jusqu'à présent tant de différents mouvements, dont l'unique but a été de maintenir la dignité et la puissance de l'Empereur et de conserver le système de l'Empire dans son ordre. Mon idée a été d'abord d'y parvenir par une association de quelques cercles de l'Empire; mais comme il a été impossible d'y réussir, je me suis prêté à une autre idée, tendante au même but, c'est-à-dire d'une ligue ou union confédérale que le sieur de Chavigny avait proposée, et dont on promit de coucher le plan à Francfort. Il est vrai que, lorsque j'ai reçu de mon ministre à Francfort le plan du traité de cette ligue, j'ai été infiniment surpris de ce qu'on s'y était pris d'une manière si gauche qu'on a actuellement fait, et dont le plan est tel qu'il me semble qu'on ne saurait le caractériser mieux que Votre Altesse l'a fait, lorsqu'Elle le taxe de chaos d'une nature à ne pouvoir jamais prendre consistance, et qui, sur le pied qu'on l'a dressé, effaroucherait plutôt les esprits en Allemagne que les attirerait. Ce sont les mêmes réflexions que j'en ai faites, aussi avais-je, déjà avant que d'avoir reçu la lettre de Votre Altesse, instruit mon ministre à Francfort de représenter à l'Empereur que, de la manière qu'on avait couché le plan en question, ni moi ni aucun autre prince de l'Empire n'y pourrait souscrire.
Comme pourtant l'idée en gros d'une ligue ou union confédérale m'a paru très bonne et fort propre à rétablir les affaires de l'Empereur et à calmer les troubles de l'Empire, j'ai envoyé à mon ministre à Francfort un précis d'un autre plan de ligue ou d'union confédérale, dont Votre Altesse trouvera ci-clos la copie. » L'idée que j'ai eue sur ce plan a été qu'il y fallait aller tout doucement et pas à pas, de la même manière que les Anglais ont fait avec la Hollande pour la faire entrer peu à peu dans leurs mesures, et qu'il ne fallait donc commencer que par faire un traité entre quelques États de l'Empire bien intentionnés, conçu dans des termes tout-à-fait innocents et si généraux qu'on puisse communiquer ce traité à tout le monde, même à la reine de Hongrie. Ce traité une fois réglé et conclu, les contractants pourraient convenir alors, par des articles séparés et secrets, tant sur leurs convenances que sur les mesures convenables à prendre pour obtenir le but de ce traité; qu'il fallait, en attendant, inviter la Saxe et la Cologne pour y accéder, de même que d'autres États de l'Empire bien intentionnés, et que, pour la France, il ne fallait pas qu'elle y fût partie contractante et que même elle n'y accédât que lorsqu'elle aurait commencé ses opérations de guerre et lorsque ses années agiraient vigoureusement partout où il le faut; que ce serait alors que la France accéderait en garante de la paix de Westphalie pour donner le ton à ce traité. Voilà un fidèle exposé de mes idées sur la ligue ou l'union confédérale à faire, tel que je l'ai mandé à mon ministre à Francfort, avec ordre de les expliquer à Sa