1366. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A FRANCFORT-SUR-LE-MAIN.
Neisse, 24 mars 1744
J'avais reçu vos deux relations du 7 et du 10 de mois, lorsqu'on est venu me rendre celle que vous m'avez faite en date du 17, par laquelle j'ai vu avec bien de la satisfaction de quelle manière Sa Majesté Impériale a goûté mes idées sur l'union confédérale, telles que je les ai proposées. Les remarques ou plutôt le changement de quelques mots, que l'Empereur a ajoutées au précis du traité de cette union,1 ne souffrent nulle difficulté et y pourront être insérées de la manière que Sa Majesté Impériale le demande. Je ne serai même point contraire que, selon que le sieur de Chavigny le souhaite, on convienne par un article secret d'inviter la France à accéder au traité d'union confédérale, comme garante de la paix de Westphalie, et je ne manquerai point de vous envoyer le plein-pouvoir nécessaire pour signer le traité en question, d'abord que la France aura commencé à agir. Car il faut que vous sachiez que c'est le point principal et la base de tout ce traité que la France commence préalablement ses opérations de guerre d'une manière vigoureuse, et qu'avant que cela ne soit fait, je ne signerai pas d'une seule lettre le traité en question. Ce que vous ne manquerez pas d'insinuer d'une manière convenable tant à l'Empereur que principalement au sieur de Chavigny.
Sur ce qui est de la déclaration que le prince Guillaume a fait faire par le général de Donop, touchant la prétendue expédition de Dunkerque, il faut que je vous dise que le Prince m'en a donné de pareilles ouvertures. Sur quoi je lui ai fait toutes les représentations humainement possibles, comme vous le verrez par la copie ci-jointe chiffrée de ma réponse que je lui ai faite, de laquelle pourtant vous ne vous servirez point autrement que pour votre seul usage, sans la faire voir ou en donner des copies à qui que ce soit. Et, comme le sieur de Chavigny a fait des déclarations à ce sujet qui me paraissent bien solides, et que le maréchal de Seckendorff va passer par Cassel pour retourner à Francfort, j'espère que nous réussirons à guérir ce prince de ses appréhensions, et qu'on le ramènera dans la bonne voie.
Quant aux sûretés convainquantes que vous avez demandées par mon ordre au sieur de Chavigny, avant que je puisse entrer en matière, aussi bien que pour rassurer tous ceux qui voudront prendre des engagements avec la France, je vous dirai que la preuve la plus parlante de l'intention sincère et ferme de la France et la sûreté la plus convainquante de sa part, sera si elle agit avec vigueur et fermeté par ses armées, et si elle ne se comporte pas de la même manière qu'elle fit
1 Vergl. oben S. 51 Anm. 1.